Thomas Harris : Hannibal Lecter, les origines du mal/La mauvaise origine d’Hannibal Lecter
Quand on a goûté au terrifiant film de Jonathan Demme intitulé Le silence des agneaux, on ne peut qu’avoir envie d’épuiser l’histoire de l’horrible psychopathe cannibale Hannibal Lecter. Alors, sur ce blog, voici le roman qui a servi de base au préquel assez insipide réalisé par Peter Webber. Il s’intitule Hannibal Lecter, les origines du mal, et il est écrit par Thomas Harris. Parution : 2007 aux éditions Albin Michel.
Le petit Hannibal Lecter est le rejeton d’une famille aristocratique de Lituanie. Son enfance est marquée par la seconde guerre mondiale et ses atrocités. Alors que le château familial est assiégé par une troupe d’opportunistes collaborant avec les nazis, Hannibal est témoin du massacre de sa famille et de leurs domestiques. Le plus traumatisant, c’est l’assassinat de sa petite sœur – Mischa
– qui n’est rien d’autre qu’un bout de viande destiné à nourrir la troupe de Vladis Grutas, chef de la mauvaise troupe. Plus tard, après la guerre, Hannibal est élevé par son oncle, Robert Lecter, en France. Un jour, sur un marché, sa femme, Dame Murasaki, est importunée par Paul Mommund qui tue Robert Lecter. La vengeance d’Hannibal sera implacable puisque la tête de Mommund est retrouvée sur une boîte aux lettres. L’inspecteur Popil est chargé de l’enquête. Peu à peu, Hannibal se rapproche de la veuve de son oncle, Dame Murasaki tandis que les souvenirs de l’horreur vécue pendant la guerre deviennent de plus en plus nets. Dès lors, la vengeance d’Hannibal se met en place. Il se rend aux quatre coins de l’Europe pour exécuter ceux qui ont tué et mangé sa petite sœur Mischa. C’est d’abord Dortlich qui est exécuté sur les terres natales lituaniennes d’Hannibal - attaché à un arbre, il est écartelé par le cheval César. Plus tard, Milko est assassiné dans la salle de dissection où officie Hannibal, alors étudiant en médecine et préparateur de cadavres. Ce dernier l’immerge dans la cuve à formol. Ensuite, c’est au tour de Kolnas de mourir, poignardé. Alors que Dame Murasaki est enlevée par Grutas, Hannibal se lance à leurs trousses. Bien évidemment, même s’il est, à un moment, mis en position délicate, Hannibal finit par avoir le dessus. Pendant quelques temps, il fait de la prison, mais les diverses manifestations de sympathie font qu’il est vite libéré. De son côté, Dame Murasaki est partie. Alors Hannibal se lance aux trousses de Grentz qu’il tue. Pourquoi ? Si les blessures du passé sont désormais cicatrisées, le mal est en Hannibal qui a vraisemblablement pris goût au meurtre.
Avec Hannibal Lecter, les origines du mal, Thomas Harris nous offre un thriller assez horrifique qui accumule les scènes « gore », comparables à celles qu’on peut trouver dans les « tortur porns ». Hannibal accumule des meurtres destinés à venger la mort de sa petite sœur, tuée, découpée, cuite et dévorée par une bande de soudards menée par un certain Grutas. L’auteur manifeste un gout certain pour les scènes de cannibalisme ; à cet égard, la mort de Dortlich vaut son pesant de cacahuètes puisqu’après l’avoir décapité, Hannibal cuisine et mange ses joues. Ce qui renforce l’impression d’horreur, c’est que l’écriture de Thomas Harris s’inspire fortement du cinéma pour des scènes très visuelles qui jouent sur des alternances de plans et de points de vue.
Voilà pour les qualités du roman. Passons à ses défauts qui, à moins sens, sont majeurs et majoritaires.
Tout d’abord, on ne voit pas très bien quel rôle jouent l’inspecteur Popil et Dame Murasaki dont Hannibal tombe plus ou moins amoureux. Puisque l’enquête policière n’est pas intéressante et ne fait pas l’objet d’une narration précise et puisque l’amour n’est pas au centre du roman – étant même totalement accessoire - on a envie d’abandonner ces passages un peu longuets et inaboutis pour retrouver le vrai fil qui tient le roman à savoir : les faits et gestes du vengeur Hannibal Lecter.
De plus, la progression du roman est attendue et convenue. En effet, les victimes de la vengeance d’Hannibal Lecteur sont appréhendées par le tueur selon un ordre croissant – des moins impliqués dans l’assassinat de Mischa aux plus cruels et méchants qui méritent un châtiment bien senti. Par ailleurs, plus les assassins de Misha se sont avérés actifs et méchants dans le crime commis à l’encontre de la petite fille, plus le châtiment que leur réserve Hannibal Lecter est difficile à infliger et bien évidemment, ce dernier aura du fil à retordre pour parvenir à zigouiller les grands manitous qui ont tué sa petite sœur.
Ainsi tout comme le film qui a été adapté de ce roman – dont les critiques sont mitigées et plutôt négatives - Hannibal Lecter, les origines du mal, roman signé Thomas Harris ne propose guère le grand frisson, mais il reste intéressant à lire pour tous les amateurs du plus cynique des serial killers.
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