LECTURES VAGABONDES

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Sofia Lundberg : Un petit carnet rouge / A ne pas inscrire dans les agendas !

         

   Que peut donc contenir ce petit carnet rouge ? Des secrets inavouables ? Sans plus attendre, laissons-nous entrainer par Sofia Lundberg dans la tumultueuse vie de son héroïne Doris, à travers ce roman qui parait en  2018 aux éditions Calmann-Levy, roman intitulé Un petit carnet rouge.

 

                 Doris est une très vieille dame de 96 ans qui vit seule à Stockholm. Elle détient un petit carnet rouge dans lequel se trouvent les noms de tous les gens qui ont eu de l’importance dans sa vie. Cependant, presque tous ces noms sont biffés car les personnes qui les ont portés sont décédées. Pour sa chère nièce, Jenny, qui vit aux Etats-Unis, elle commence à écrire sa vie. Cependant, un jour, la vieille dame a une attaque et se retrouve à l’hôpital où elle vit ses derniers jours. Sa nièce, Jenny, se rend donc à Stockholm pour accompagner Doris dans ses derniers instants. En même temps, elle lit le récit que la vieille dame a laissé pour elle. Quelle fut donc la vie de Doris ? Née dans les années 20 en Suède, Doris est très vite séparée de ses parents car lorsque son père meurt, sa mère ne peut subvenir à ses besoins et place sa fille comme bonne à tout faire auprès d’une riche dame qui bientôt s’installe en France, à Paris. Très vite, la très belle jeune fille est remarquée et est embauchée pour devenir mannequin et travaille très vite pour de grandes maisons de couture dont la maison Chanel. Elle rencontre aussi l’homme qui sera son seul grand amour : Allan Smith. Un jour, sa sœur, Agnès, la rejoint suite au décès de leur mère. De son côté, Allan disparait sans laisser d’adresse. Pour le rejoindre, Doris va traverser l’Atlantique avec sa sœur et s’installer à New York où elle découvre qu’Allan s’est marié ; en effet, la lettre dans laquelle Allan lui demande de le rejoindre à New York, Doris l’a reçue très tard et entre temps, le jeune homme a épousé une autre femme. En Amérique, Agnès et Doris vivotent. Un jour, elles rencontrent Carl, d’origine suédoise, qui les invite à vivre chez lui afin de tenir compagnie à sa mère qui se languit de son pays natal. Agnès va tomber amoureuse de Carl, l’épouser, et mettre au monde une fille, Elise. Malheureusement, celle-ci meurt en couches. Désormais, Doris n’a plus aucune raison de rester auprès de Carl et elle reprend la route en solitaire. Lorsqu’éclate la seconde guerre mondiale, elle revoit Allan qui lui annonce qu’il a décidé de s’engager et qu’il va partir pour l’Europe. Quelques temps plus tard, Doris décide de le retrouver, même si elle ne sait pas où il se trouve exactement. Elle s’embarque sur un cargo à destination de l’Angleterre ; là, elle est violée par l’homme qui lui a permis d’embarquer. Lorsque le cargo fait naufrage, Doris sera recueillie par un pécheur anglais, chez lequel elle vivra plusieurs années. La vie auprès de lui sera rude, d’autant plus que Doris mettra au monde un enfant – qui ne vivra pas - résultat des viols qu’elle a subis sur le cargo. Un jour, elle décide de retourner dans son pays natal, la Suède où elle vivra pendant vingt ans auprès de son ami Gösta, un peintre qu’elle a connu dans sa jeunesse, alors qu’elle était bonne à tout faire chez la dame très riche. Cependant, la fille de sa sœur Agnès, Elise, a grandi et est en bien mauvaise posture : elle se drogue et n’arrive pas à élever correctement sa fille, Jenny. C’est Doris qui, après le décès d’Elise, se chargera d’élever Jenny. Voilà pourquoi Jenny est si attachée à sa vieille tante. Avant que cette dernière ne meure, elle parvient à retrouver la trace d’Allan - le grand amour de sa tante - toujours vivant, et à le mettre en contact avec elle via Skype. Quelques minutes après cette ultime entrevue, Doris décède, laissant à sa nièce Jenny, le récit de sa vie. Cette dernière détient-là une manne pour démarrer le roman qu’elle a toujours rêvé d’écrire.

 

         Voici un roman à classer dans la catégorie feel good s’il en est ! Certes, Un petit carnet rouge n’est pas un roman désagréable à lire, mais il dégouline de bons sentiments et ce, jusqu’à écœurement.

          Pour ma part, je mettrais plutôt Un petit carnet rouge dans la catégorie de ces innombrables romans qui n’apportent rien et donnent au lecteur la sensation de perdre son temps dans une histoire sans intérêt. 

          Tout d’abord, abordons le problème de la construction de ce roman qui font alterner deux époques de la vie de l’héroïne, Doris. Tantôt, le roman évoque la fin de vie de la vieille Daisy, chez elle, puis à l’hôpital. Cependant, sentant la mort arriver, Daisy se lance dans l’écriture et raconte la vie qu’elle a menée à l’intention de Jenny, sa nièce bien-aimée. Ainsi, les passages où Doris raconte sa jeunesse viennent donc s’intercaler dans ceux qui traitent de la fin de sa vie.

          Mais qui est donc cette Daisy qui est au centre d’Un petit carnet rouge ? Là encore, rien de bien novateur. On est face à ce stéréotype des personnages de romans à destination d’un lectorat féminin : une femme à la vie tumultueuse, faite de hauts et de bas. Mannequin célèbre dans sa jeunesse, elle sera violée sur le cargo qui l’emmène en Europe, pendant la seconde guerre mondiale. Et la dégringolade continue puisqu’ensuite et pendant plusieurs années, elle sera videuse de poissons en Angleterre.

          Cependant, comme toute héroïne de romans « pour nous les filles » qui se respecte, Doris est courageuse, entière, et prend la vie du bon côté. Si elle a connu le grand amour – qui sera le seul et l’unique de sa vie et qu’elle n’oubliera jamais ! – elle a aussi connu un profond malheur, notamment celui de tomber enceinte après avoir été violée et de mettre au monde un enfant qui ne sera pas viable.

          En outre, comme je l’ai déjà dit, ce roman dégouline de bons sentiments bien baveux, à la limite du supportable. A la fin du roman, c’est le pompon ! Doris y retrouve, via skype, son grand amour Allan alors qu’elle est en train de vivre ses derniers moments. Nos deux amoureux ne se sont plus revus depuis la seconde guerre mondiale et enfin, à l’issue de leurs deux vies, ils ont l’occasion de se revoir, de se dire « je t’aime, tu es beau/belle » et de clamser tous les deux presque en même temps. Manière bien lourdingue de souligner le caractère exceptionnel de cet amour entre deux êtres qui ont vécu leur histoire chacun de son coté, mais qui instinctivement sont reliés l’un à l’autre, même à distance, dans l’espace et le temps.

          Enfin, le roman abonde en considérations niaises, notamment lorsqu’il s’agit d’évoquer Jenny, constamment attifée de son dernier bébé qui s’agrippe à elle en chialant, en reniflant et auquel elle tient des propos niais et bêbêtes du style « areuh areuh ».

          Ainsi, même s’il n’est pas désagréable à lire, Un petit carnet rouge n’est certes pas un roman à inscrire dans vos agendas !   



07/07/2025
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