LECTURES VAGABONDES

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Silvia Avallone : Marina Bellezza/è abbastanza bello, questo romanzo.

 

      A l’approche des grandes vacances, je vous emmène en Italie du Nord, dans les Alpes piémontaises d’où est originaire Silvia Avallone. C’est dans cette région sinistrée que se déroule l’intrigue de ce nouveau roman intitulé Marina Bellezza et paru en 2014 aux éditions Liana Lévi.

 

          Dans un paysage d’une beauté austère se niche la vallée de Biella et la ville de Piedicavallo où vivent les héros du roman : Andrea et Marina. Ces deux-là s’aiment depuis leur adolescence mais leurs relations sont houleuses, faites de séparations et de retrouvailles passionnées. A l’heure où s’ouvre le roman, Marina Bellezza se produit dans des fêtes locales où elle chante. Et sa voix est divine. La jeune fille rêve de devenir chanteuse, riche et célèbre. Elle s’inscrit à des émissions de télé-réalité où elle cartonne. Bientôt, pour elle, un album et une prestation au festival de San Remo. Andrea, son amoureux, est à l’opposé de la jeune fille et méprise ses aspirations au vedettariat.  Lui, il rêve de montagne et de vie en pleine nature : il reprend la ferme de son grand-père pour y élever des vaches et faire du fromage. Si la colocataire de Marina, Elsa, s’est entichée d’Andrea, si elle parait plus à même de goûter une vie d’agricultrice, c’est pourtant avec Marina qu’Andrea finira par se marier. Certes, elle a toujours envie de chanter, mais les montagnes dans lesquelles elle a grandi lui sont tout aussi indispensables.

 

          Marina Bellezza est un roman bien agréable à lire, même s’il n’échappe pas à la caricature sur certains points. Tout d’abord, le couple Andrea-Marina est bâti sur une opposition trop radicale pour être crédible. Certes, certains disent que les contraires s’attirent, mais la chose reste à confirmer. D’autres disent qu’il faut des points communs pour s’entendre et je partage ce point de vue. Ainsi, lorsque Marina Bellezza, qui ne rêve que de gloire, décide, à la fin du roman d’épouser Andrea-le-fermier et ses vaches, puis de s’installer dans des montagnes retirées, sauvages et peu hospitalières, on  tique un peu.

          Autre caricature : le caractère des personnages. Bien évidemment,  Marina est une vraie garce, une tête à claques qui joue les stars alors qu’elle n’est encore connue de personne. Elle est caractérielle comme toutes les filles qui ont le melon. De son côté, Andrea est sauvage, têtu et passionné comme tous ceux qui ont dans leur cœur leur terre et leurs racines. Bref, deux caractères bien trempés pour des relations explosives. Là encore, l’opposition entre l’authenticité – la terre, l’élevage, les montagnes des Alpes piémontaises – et l’artifice d’une vie de star fabriquée par les médias est totalement stéréotypée.

          Il est vrai que Silvia Avallone parvient quand même à nous surprendre. Lorsque Marina quitte Andrea pour se lancer dans la carrière de chanteuse, Elsa, la colocataire de cette dernière, tente sa chance auprès du jeune homme dont elle est secrètement éprise. On aurait pu croire qu’une nouvelle histoire d’amour aurait vu le jour, tant Elsa semble correspondre aux attentes et aux besoins du jeune homme. Pourtant, immédiatement, l’idylle tourne court et le lecteur n’entendra quasiment plus parler d’Elsa. Et c’est l’aspirante-chanteuse qui viendra s’installer dans la ferme.

          Par ailleurs, les personnages ont des failles et des fêlures au cœur desquelles plongent les racines de leurs aspirations et de leur énergie. Marina Bellezza est un « accident ». Sa mère est alcoolique, son père mène une vie de patachon et ne voit quasiment jamais sa fille qui en souffre. Marina est convaincue d’avoir gâché la vie de ses parents. De son côté, Andrea est jaloux de son frère Ermanno qui a toujours eu la préférence de ses parents. Alors qu’ils étaient encore enfants, Andrea s’en est pris violemment à son frère qui, aujourd’hui, est parti vivre aux USA où tout semble lui sourire. Réussir dans la voie qu’il s’est choisi, montrer à ses parents qu’il peut réaliser un rêve tel est aussi l’enjeu du rachat de la ferme familiale par Andréa.

          Pour terminer, bien évidemment, Marina Bellezza, c’est un hymne à un pays, à une terre, celle des montagnes de Biella, dans les Alpes piémontaises. C’est dans cet écrin de granit sombre, sur cette toile de fond où se détachent les pics et les dents acérées de la montagne, que se déroulent les existences tumultueuses de Marina et d’Andrea.

          Aussi, malgré tous ses défauts, j’ai bien aimé ce roman - Marina Bellezza - de Silvia Avallone qui nous offre ici une œuvre sincère et généreuse.  Per questo, Marina Bellezza è comunque una bella ragazza ! 



16/05/2021
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