Riikka Pulkkinen : L’armoire des robes oubliées/Un roman à oublier dans une armoire ou ailleurs
Décidément, j’ai bien du mal à accrocher à la littérature scandinave ! Riikka Pulkkinen semble être considérée en Finlande, son pays, comme une écrivaine à suivre. Cependant, le roman qu’elle a fait paraître en France en 2012 aux éditions Albin Michel, roman intitulé L’armoire des robes oubliées, m’a passablement ennuyée.
Nous sommes donc en Finlande. Alors qu’Elsa est en train de mourir, sa famille se réunit dans la maison qu’elle possède au bord d’un lac, pour l’accompagner dans ses derniers moments. Martti, son époux, est un peintre et l’un de ses tableaux qui représente Eeva, la nounou de leurs enfants, décédée en 1968, suscite l’intérêt d’Anna, la petite fille d’Elsa. Entre les deux générations se situe la fille d’Elsa, Eleonoora, mère d’Anna, mais aussi de Maria. En retrouvant une robe appartenant à Eeva, Anna va se pencher sur sa vie alors qu’elle travaillait comme nounou d’Eleonoora, au service d’Elsa et de Martti. Pour des raisons professionnelles, Elsa est très peu présente à la maison, et à cause de cela, il est nécessaire d’employer une jeune fille au pair. C’est alors qu’Eeva fait son entrée dans la famille. Très vite, Martti tombe amoureux de la jeune fille qui, de son côté, ne reste pas indifférente. Une seconde famille voit le jour pour Eleonoora, ballottée entre le couple de ses parents, et celui, adultère, de son père et de sa nounou. Mais un jour, Elsa, alors que sa fille manque de mourir dans l’incendie de la maison, découvre, à l’hôpital où elle a été transférée, le pot aux roses. Pendant quelques temps, Martti part vivre avec Eeva, puis la quitte et retourne auprès d’Elsa, sa femme. Pendant un an, Eeva renoue avec sa colocataire, Katariina Aavamaa et visite l’Europe en pleine effervescence soixante-huitarde. Elle se lie avec un certain Marc qui la laisse tomber en lui volant de l’argent. Eeva tombe malade et décède en pleine jeunesse. Anna décide de rencontrer la sœur d’Eeva, puis son amie, Katariina pour en savoir plus sur l’idylle qu’elle avait nouée avec son père. A ce moment, Elsa décède.
L’armoire des robes oubliées se déroule dans un huis-clos familial situé dans deux lieux emblématiques où ont vécu la famille d’Elsa et de Martti : d’une part, la maison à Helsinki, d’autre part, la maison de campagne, près d’un lac. Cet huis-clos est assez triste puisqu’il s’agit, pour toute une famille, d’accompagner une mère, une grand-mère – Elsa - à la fin de sa vie, vers la mort. Ce moment difficile et particulier est aussi l’occasion d’évoquer les relations entre les femmes, lorsqu’elles sont filles, mères, grands-mères. Bien évidemment, ce moment névralgique est l’occasion de faire le point sur la vie de la famille, de découvrir le passé ou de le faire ressurgir : Anna fouille le passé de ses parents et découvre l’existence d’une nounou qui fut plus que ça, notamment pour son grand-père, Martti ; Martti, de son côté, se souvient, lui aussi.
Par ailleurs, le roman est basé sur un aller et retour entre le passé – certains chapitres sont assumées par Eeva, narratrice de sa propre histoire dans les années 60 - et le présent qui est situé dans les derniers mois de la vie d’Elsa, devenue grand-mère.
Cependant, on se demande où est l’intérêt de ce roman ! Il développe une écriture qui se veut poétique mais qui m’a semblée surtout obscure. La narration est émaillée de propos pseudo-métaphysiques qui n’ont rien de réalistes, qui contribuent à désincarner encore plus des personnages déjà sans profondeur, qui ne suscitent aucune empathie. Bref, la lectrice que je suis est restée sans cesse à côté de ce roman, jamais vraiment dedans.
Enfin, même si ce roman est de longueur moyenne, il parait long, très long. Cette sensation est causée par la présence de trop de propos inutiles et creux autour de la vie, de la mort, des relations mère-fille, des relations de couple, du temps qui passe, de l’art – en l’occurrence, la peinture qui tente de conjurer l’oubli en fixant sur une toile un présent évanescent. Cependant, tous ces thèmes philosophiques ne sont pas abordées via un véritable questionnement ; les idées sont alignées sous forme de sentences et d’affirmations obscures. Quel ennui pour le lecteur ! Le pire, c’est que Riikka Pulkkinen doit se sentir très intelligente en se relisant, toute pétrie qu’elle se croit d’une réflexion pseudo-conceptuelle !
Je vais donc abandonner très vite ce roman sur l’étagère d’une vieille armoire oubliée, car d’autres romans – que j’espère inoubliables – m’ouvrent les portes de leur armoire à explorer ! Vite, allons-y !
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