LECTURES VAGABONDES

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Michael Cunningham : De chair et de sang/Du boudin piqué à la lymphe

 

       

 

            

 

      On connaît tous les chroniques de San Francisco d’Armistead Maupin. On a beaucoup aimé le tome 1 et toute sa kyrielle de personnages hauts en couleurs, un peu moins le tome 2… pas du tout le dernier tome : désormais un peu passé de mode, souffrant d’une inspiration en panne sèche et d’une radicalisation dans son militantisme homosexuel, Armistead Maupin est devenu un nullissime écrivaillon de la propagande gay. Inutile de dire à quel point Michael Cunningham et sa surenchère dans le genre m’ont insupportée : le titre de l’objet à l’origine de cet énervement ? De chair et de sang, roman paru en 1995 aux éditions Belfond.

 

              Constantin Stassos épouse la belle Mary dans les années 50. Ils auront trois enfants : Susan, Billy et Zoé. Mais derrière des apparences bien propres, le scandale sourd. Mary vole dans les magasins, Constantin prend une maîtresse. Plus tard, Billy découvrira son homosexualité ; après plusieurs années d’instabilité, il rencontrera Harry avec lequel il finira sa vie. Susan se marie, elle aura un fils, Ben. Celui-ci se découvrira également homosexuel et connaîtra ses premières expériences avec Jamal, son cousin. Mais l’adolescent est mal dans sa peau et vit dans une famille bien propre qui l’étouffe : il se suicidera par peur du scandale. Zoé, de son côté, se drogue, se complait dans des amours sans lendemains ; elle aura un fils, Jamal : père inconnu. Elle l’élèvera seule, avec néanmoins l’aide d’un travesti : Cassandra. Atteinte du sida, elle mourra et Jamal, son fils, sera élevé par son frère homosexuel Billy (désormais appelé Will) et son compagnon Harry.

 

              Quelle arnaque que  ce roman ! On se laisse avoir par une quatrième de couverture qui met en exergue « une peinture au vitriol de « l’american way of life », par la mention d’un auteur – Michael Cunningham – détenteur du prix Pulitzer pour un autre roman : Les heures. En réalité, il s’agit ni plus ni moins d’une œuvre supplémentaire destinée à mettre en exergue une pseudo culture gay et tout ce que cette appartenance implique : littérature de propagande, militantisme agressif et nauséabond, mauvais roman indigeste et horripilant mais néanmoins objet de complaisance de la part des milieux littéraires et artistiques, sensibles à tous les publications issues du lobby gay. Ainsi, De chair et de sang est-il « un superbe roman » !

              On commençait vraiment à se dire que Michael Tolliver – héros des Chroniques de San Francisco -  commençait à sentir le rance… Que dire de cette œuvre de Michael Cunningham ? On prend le même type de personnages comiques que ceux de Maupin et on les décline dans une version tragique ; on emballe le tout derrière un libellé très sérieux et visionnaire - critique de « l’american way of life » – et le tour est joué ! En réalité, cet enrobage est destiné à cautionner la présence inexpliquée de personnages marginaux qui touchent tous aux milieux homosexuels : Billy (Will), l’homosexuel, Cassandra, le travesti, Ben, l’homosexuel attiré par le travestissement…. Ça fait un peu beaucoup pour une seule famille ! Et je passe sur le cas de Zoé, personnage à la dérive, atteinte du sida. D’autant plus qu’on ne comprend pas pourquoi toute cette génération, issue de parents représentatifs d’une certaine Amérique bien-pensante, bascule dans cette marginalité extrême ! Comment les parents conformistes et les enfants marginaux s’articulent-il ? Interagissent-ils les uns avec les autres ? Quelle est la place de l’éducation, celle de l’époque (les enfants grandissent dans les années 70) dans cette chaine qui déraille ? La sauce, entre tous les personnages, ne prend pas, par manque de liant. En effet, Michael Cunningham aligne des scènes de la vie quotidienne qui se succèdent au fil des années. Ainsi le roman commence-t-il en1935 pour se finir en 2035. De plus, il néglige certains personnages au profit d’autres : comprenez que les personnages mis en exergue, ceux qui bénéficient de toute l’attention de l’auteur, sont les personnages homosexuels et masculins. Les personnages bien-pensants ou les personnages féminins sont bâclés par l’auteur et se retrouvent bien souvent noyés dans ces scènes de repas ou de retrouvailles familiales : impossible de les cerner individuellement.

          Par ailleurs, bien conventionnelles sont les scènes qui mettent en avant les personnages homosexuels ! Billy mène une vie sentimentale instable tout en rêvant au grand amour qui rimerait avec toujours : c’est à 34 ans qu’il rencontre Harry et vogue la galère ! Bien évidemment, ces deux là sont tellement cools, sympas, dignes de confiance que c’est à eux que Zoé, mourante, confie la garde de son fils qui sera si bien élevé ! Dans l’amour et la complicité que leurs parents n’ont jamais su instaurer au sein de la famille. Quant à l’épilogue, il est digne du très pathétique Sur la route de Madison : en 2035, Jamal jette à la mer les cendres réunies de ses deux papas adoptifs. Snif !

          Aujourd’hui, rien n’est plus conventionnel et bien-pensant que de mettre en lumière des personnages et des situations transgressifs. Parmi l’éventail des options qui s’offrent à nous, à 90%, ce sont les personnages homosexuels qui remportent la palme : on peut citer en exemple le double biopic sur la vie d’Yves Saint-Laurent, La vie d’Adèle, les histoires de coming-out mises en scène dans les émissions de téléréalité… Passons. Avec De chair et de sang, Michael Cunningham a, en outre, réussi un sacré tour de force paradoxal ! En effet, les personnages bien-pensants qu’il exècre deviennent des personnages transgressifs tandis que les personnages qu’il considère comme anticonformistes et dignes d’intérêt sont aussi dérangeants que des vaches dans une pâture.

          Pour ma part, j’ai beaucoup aimé les scènes où Mary, épouse modèle, vole des objets inutiles dans les supermarchés : besoin d’adrénaline dans une vie conformiste et monotone, besoin de transgresser des règles bien trop pesantes, aspect dérisoire du geste dirigé le plus souvent vers des babioles sans intérêt. J’ai aussi beaucoup aimé le cynisme les chapitres consacrés à Constantin et à son travail : promoteur immobilier, il vend des lots de maisons préfabriquées sur le même modèle à des couples qui aspirent à la propriété… et le loustic sait adapter son produit aux temps de crise ! C’est dans ces chapitres que le lecteur perçoit une vraie critique de l’ «american way of life ». Mais ces chapitres sont bien peu nombreux ! Dommage !

             Parce qu’il laisse parler ses sentiments homosexuels avant son intelligence d’écrivain, Michael Cunningham passe totalement à côté de son sujet et tombe dans les travers de la littérature de propagande… sur wikipedia, j’ai lu que notre auteur se défend d’être un écrivain gay : en ce qui concerne De chair et de sang, je suis désolée de dire que c’est totalement raté ! Sans connaître Michael Cunningham, au bout de 50 pages, j’ai flairé l’homosexuel engagé et enragé devant le cumul de toutes les tares dont les gays accablent les vilains hétérosexuels : étroits d’esprit, intolérants, moqueurs… et bien sûr, ils sont très cons puisque c’est bien ainsi que Billy finira par considérer son père, le très bourgeois et conformiste homphobe Constantin. 

     



16/08/2020
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