LECTURES VAGABONDES

LECTURES VAGABONDES

Laurent Bénégui : SMS/Message brouillon.  

 

          Si le SMS fait partie d’un mode de communication largement développé, il ne remplace pas l’aspect solennel et dramatique de la lettre du genre épistolaire. En réalité, le genre de roman bâti sur des échanges de SMS reste à inventer. Avec SMS, donc, paru en 2009 aux éditions Julliard, Laurent Bénégui tente sinon de remédier à ce manque, du moins de questionner ce mode de communication en le mettant au cœur de son roman.

 

          Il semblerait que le sort s’acharne sur notre pauvre héros, Laurent Demange, ingénieur en téléphonie. Alors que la tempête fait rage, qu’une pluie diluvienne s’abat sur Paris, sa maison prend l’eau de partout ; son collègue a dérobé une partie de la caisse ; un SMS égaré lui apprend que sa compagne, Nathalie,

a un amant ; alors qu’il ramène son fils à la maison, de jeunes délinquants lui volent son téléphone portable : Laurent se lance  à leur poursuite, abandonnant son fils sur le trottoir. C’est alors que tout s’enchaine dramatiquement : Nathalie porte plainte contre lui pour abandon d’enfant, Laurent se retrouve chez les flics, incapable de faire valoir la vérité. Il retrouve Claire, un ancien amour qui travaille aux renseignements : Laurent veut connaître l’auteur du SMS, qui n’est autre que l’amant de sa compagne qui lui révèle, par ailleurs que son fils, Milo, n’est pas de lui. Puis, il retrouve sa mère, avocate, qui va devoir le défendre devant la loi : en effet, lors de ses pérégrinations, Laurent s’est retrouvé dans la demeure paternelle alors que son frère Vincent, intolérant aux ondes électromagnétiques, séquestre un responsable d’une compagnie de téléphonie mobile : Sampieri. L’affaire tourne mal : Sampieri meurt accidentellement alors que Laurent cherchait à le libérer. Quant à Vincent, il se suicide. C’est un message téléphonique laissé par ce dernier qui disculpera Laurent. Tout est bien qui finit bien : Nathalie pardonne à notre héros qui semble couler des jours heureux auprès de Claire, tandis qu’il se débarrasse des tests ADN de paternité sans les avoir consultés.

 

          Ce roman part de l’idée simple et assez éculée de l’effet papillon : tout commence par une fuite qui inonde la maison et se termine en prison par une loi fatale d’enchainements de causes à effets de plus en plus dramatiques, si bien que notre héros se retrouve submergé par tout un tas de catastrophes qui le dépassent. Jusqu’à l’absurde ! Difficile de convaincre de votre innocence un flic assuré que vous êtes un criminel accompli qui ne mérite que la prison à vie !

          Je dois dire qu’à un certain moment, l’enchainement entre les différentes catastrophes est un peu tiré par les cheveux et on n’échappe pas à l’impression que l’auteur a  joué sur l’accumulation des événements pour remplir un minimum syndical de pages, histoire d’être classé dans la catégorie « roman » et non pas dans celle des « nouvelles ».

           Par ailleurs, je crois que Laurent Bénégui a voulu montrer dans SMS la nuisance que le téléphone portable peut avoir sur nos vies : lorsqu’on lui vole ce si précieux objet, notre héros se lance à la poursuite des voleurs, oubliant même son fils ! A partir de là, tout ira de mal en pis. Et puis, les mauvaises nouvelles viennent aussi par l’intermédiaire de cet appareil. Et puis, le frère de notre héros est intolérant aux ondes téléphoniques. Et puis, et puis…. Mais la démonstration est peu convaincante et noyée dans tout un tas d’histoires qui n’ont rien à voir avec les téléphones portables et les SMS. Alors, finalement, je me demande s’il y a vraiment un message derrière ce roman dont on se demande s’il a une quelconque portée et prétention, sinon celle de divertir le lecteur avec une intrigue farfelue et un peu hasardeuse.

          Certes, Laurent Bénégui ne manque pas d’un certain sens de l’humour assez désabusé, mais cet humour est répétitif et peu varié et on se lasse aussi de ce ton nonchalant qu’il adopte.

          Ainsi, si je n’ai pas détesté ce roman, je ne l’ai pas non plus vraiment apprécié, surtout à cause de cette impression de gratuité et de manque de profondeur qui ne m’a pas quittée tout au long de cette lecture. En plus, je suis totalement allergique au téléphone – portable ou non – alors, difficile d’être vraiment emballée par un tel roman !

          Pourtant, à partir d’un SMS, on peut faire tant de romans ! L’idée mérite qu’on s’y attarde un peu plus que ce que Laurent Bénégui a fait.



26/08/2019
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