LECTURES VAGABONDES

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Jeanne Bourin : Les pérégrines (tome 1) – Les pérégrines

 

 

            Aujourd’hui, nous allons remonter le temps, partir plusieurs siècles en arrière, au moment de la première croisade. La talentueuse Jeanne Bourin, une fois encore, nous ravit avec cette nouvelle saga historique intitulée Les Pérégrines. Elle écrit ce premier tome intitulé Les pérégrines en 1989, tome qui paraît d’abord aux éditions François Bourin.

 

            Nous sommes en 1097, lors de la première croisade des Francs vers Jérusalem. Toute la famille de Garin le Parcheminier y participe. Cette famille est composée de la vieille Berthe la Hardi, mère de Garin et les quatre enfants de ce dernier : Flaminia, Brunisen, Alaïs et Landry. Arrivée à Brindisi, la famille s'apprête à embarquer pour Constantinople. Cependant, en chemin, Garin perd la vie. À Constantinople, Flaminia tombe amoureuse de leur hôte : Andronic Daniélis, parfumeur. Alors que la vieille Berthe la Hardi tombe gravement malade et doit rester à Constantinople. Flaminia décide de rester là pour l’assister tandis que les autres reprennent la route. Les Francs, unis aux Grecs de l'empire chrétien d'Orient, prennent la ville de Nicée – même si entre ces deux alliés, discorde il y a. C'est alors qu'Alaïs tombe amoureuse d'un valeureux guerrier : Bohémond de Tarente qui la prend, entre autres, pour maîtresse. La jeune fille tombe enceinte. Elle accouchera d’une petite fille qui laisse son père indiférent. Les pérégrines font siège à Antioche, un siège difficile : faim, misère, luxure et maladies en tout genre, voilà ce qui frappe les croisés. Pourtant, après une longue période de combats acharnés, Antioche tombe entre les mains de ces derniers ; Landry, le frère des 3 héroïnes, y laisse une jambe. C’est là que Flaminia rejoint les siens. En effet, si elle est amoureuse d’Andronic, elle refuse de céder à cet amour ; et puisque Berthe la Hardie décède, rien ne la retient plus à Constantinople. Après le siège d’Antioche vient celui d’Aaqa, nettement plus facile. Et oh, surprise ! Andronic est là, prêt à aimer Flaminia qui toutefois, malgré le divorce de son amoureux, continue de se refuser à lui pour un temps. A l’approche de Jérusalem, elle cède. Bilan des courses, Flaminia et Andronic s’aiment dans le plus grand secret, Alaïs est restée à Antioche que son amant, Bohémond de Tarente, a décidé d’administrer. Quant à Brunissen, malgré la présence de son ancient fiancé, Anseau Le Bel, elle souhaite entrer dans les ordres, au service de Jésus. C’est aux portes de Jérusalem que nous laissons nos héros et et héroïnes, prêts à en découdre avec les Infidèles.

 

       Avec Les Pérégrines, nous sommes plongés au coeur  de la 1ère croisade dans une somptueuse fresque qui mêle personnages fictifs et historiques. L’ambiance e l’époque est bien rendue et nous pénétrons  sous les tentes des croisés à divers endroits sur le chemin de Jérusalem, dans les somptueux palais de Constantinople, et nous participons aux jeux de course de cette même ville. Ce roman est à la fois de genre sentimental, historique, aventureux, avec un parfum exotique prononcé. Nous voyageons, en effet, dans le sud de l’Italie, en Turquie, en Syrie ou encore au Liban actuel, pays aux reliefs et climats difficiles pour des pélerins qui n’ont que leurs jambes pour se déplacer. Montagnes périlleuses, déserts exténuants… mais aussi la mer et ses traversées parfois houleuses.

 

     Le roman nous plonge aussi dans la mentalité du Moyen-Age. Principal moteur psychique, à cette époque de croisade, la haine des infidèles, mais aussi la piété. Par exemple, Pierre Barthélémy est l’objet d’hallucinations, de visions où Saint André se montre à lui et lui indique des missions à accomplir. Ainsi, il trouve, à Antioche, la lance sacrée, qui aurait percé le flanc de Jésus, à sa descente de croix. Quand on lui demande de passer dans un grand feu pour mettre à l’épreuve son intégrité, il s’y résoud et ne sera que faiblement carbonisé. Il mourra, cependant, des suites de la maltraitance des pélerins qui, exhaltés, se jettent sur lui après le miracle. Mais si on prie avec ferveur, on est aussi enclins à toutes sortes de superstitions. Par exemple, Berthe la Hardie, malade, alors que son cas est désepéré, va embrasser les clefs sacrées de Sainte-Sophie, la grande cathédrale de Constantinople.

 

     Il est vrai qu’avec son talent de conteuse, Jeanne Bourin simplifie une histoire complexe. Elle utilise, entre autres, des récits dialogués, qui, comme au théâtre, permettent d’éviter de longues scènes de combats, et ainsi de donner du rythme à la narration tout en multipliant les sujets abordés. En effet, ces récits dialogués, initiés souvent par des porteurs de nouvelles, nous plongent aux quatre coins du monde, là où les événements liés à la croisade se déroulent : en France, d‘où partent de nouveaux croisés, à Constantinople, concernée par les croisades même si l’empereur Alexis 1er Comnène semble plutôt profiter des victoires des chrétiens d’Occident sans contribuer à l’effort. Et bien sûr, nous croisons la route des pérégrines qui progresse vers Jérusalem, à travers le moyen-orient. 

 

     Pourtant, Jeanne Bourin n’est pas complaisante avec les chrétiens d’Occident qu’elle suit, cependant, et dont elle adopte le point de vue. Ainsi, elle parvient à nous faire détester les Turcs mais les atrocités commises, elle les regarde des deux côtés : têtes décapitées lancées par dessus les remparts, sang qui coule, chairs martyrisées… Enfin, si le pélerinage vers Jérusalem est conditionné par la foi chrétienne, parmi les pélerins, l’impiété règne souvent. En effet, des jeux d’argent, des pillages, des coucheries ont lieu. Et le très pieux Landry n’y échappe pas puisqu’il succombe aux charmes de la soeur de Bohémond de Tarente, Mabille. Et puis, petit à petit, certains coeurs s’épuisent et parmi les grands et les petits croisés, il y a des défections ; la plus grande sera sans doute celle d‘Etienne de Blois.

 

     Sans doute, Les Pérégrines, c’est un des meilleurs romans de Jeanne Bourin. Alors, c’est avec impatience que je vais me plonger dans la suite des aventures de Flaminia, de Brunissen et de toute la famille de Garin le Parcheminier dans la suite de la saga intitulée Les compagnons d’éternité



29/04/2024
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