Helen Fielding : Olivia Joules ou l’imagination hyperactive /Imagination inactive.
On se souvient toutes – et tous – de la saga Bridget Jones dont un dernier tome vient de paraître dernièrement. Il faut dire que le journal de Bridget Jones est une réussite. Il constitue sans doute un des meilleurs romans « pour nous les filles », et dans le genre, on ne se bouscule pas au portillon. Helen Fielding n’est donc pas un maître du genre car avec ce roman : Olivia Joules ou l’imagination hyperactive, paru en 2004 aux éditions Albin Michel, on sombre au fond d’un gouffre à tous les niveaux : une écriture abominable, une histoire débile et sans aucune inspiration, un ennui incommensurable.
Olivia Joules est journaliste freelance. Elle écrit des articles mode et beauté pour plusieurs magazines anglais. C’est à Miami que son « aventure » commence. Elle rencontre, lors d’une soirée très people, un certain Pierre Ferramo, producteur de film.
La jeune femme est séduite et c’est réciproque. Cependant, Olivia éprouve aussi de la méfiance à l’égard du beau dom juan. Elle trouve qu’il ressemble à Ben Laden. Le lendemain, un immense navire de croisière – le ventre de l’océan – coule alors qu’il stationne dans la baie de Miami. Aussitôt, Olivia pense qu’il s’agit d’un attentat. Cependant, il est prévu qu’elle revoit Ferramo et c’est aux quatre coins du monde, dans des endroits féériques, qu’elle le retrouve. Cependant, l’homme adopte un comportement de plus en plus étrange et inquiétant. D’ailleurs, il avoue à Olivia qu’il est d’origine arabe. La jeune femme fait marcher son usine à fantasmes et replonge dans son obsession d’organisation terroriste. A l’improviste, alors qu’elle fait de la plongée sous-marine, elle se retrouve embarquée au sein de la CIA et entre les bras d’un certain Morton qui, lorsqu’Olivia sera recrutée comme espionne chargée de pénétrer le mystère Ferramo, se nommera en fait, Scott Rich. Ainsi, dans la seconde partie du roman, Olivia est-elle l’élément acteur de l’espionnage anglais chargé d’infiltrer Al-Qaida. Ferramo s’avère être un terroriste doublé d’un serial killer et Olivia tombera entre ses griffes avant de s’en libérer… Le sosie de Ben Laden trouvera la mort, dévoré par un requin. Reste à déjouer l’attentat fomenté par Ferramo et son équipe. C’est à Hollywood – et c’est Olivia, la perspicace qui a trouvé le pot aux roses final – que se termine l’aventure. Les petites statuettes des Oscars sont piégées. Mais heureusement, Scott Rich et Olivia sont pleins de ressources et de courage. L’attentat sera déjoué. Et bien évidemment, l’amour a le dernier mot, entre les bras du beau Scott, sur la paradisiaque île de Maui – Hawaï.
Je vais avoir du mal à trouver une quelconque qualité à cet insupportable roman. Olivia Joules est bien loin d’attirer l’intérêt du lecteur, contrairement à Bridget Jones qui, par sa bonne humeur, son sens de la gaffe et ses désolantes amours attirait la sympathie des lectrices trentenaires et célibataires (et bien d’autres encore !). Avec Olivia Joules, Helen Fielding tente de reprendre le même personnage type du roman « pour nous, les filles », mais cette fois, sans succès. Car contrairement à Bridget Jones, personnage auquel on peut de loin ou de près, s’identifier, Olivia et ses aventures aux quatre coins du monde, sa manière de tomber sans le vouloir dans l’espionnage de grande envergure, est loin de représenter une quelconque femme d’aujourd’hui. Pourtant, c’est ce qu’Helen Fielding tente de nous faire croire en évoquant les petites manies bien féminines de son héroïne : par exemple, lorsqu’elle fait l’inventaire de son sac à main, il y a tout et rien et en sus, un beau bordel, comme dans le sac à main de nombreuses femmes. Par ailleurs, notre héroïne cherche son prince charmant, comme tant d’autres. Mais là s’arrête la ressemblance avec toute personne existant.
Pour le reste, les aventures d’Olivia Joules n’ont ni queue ni tête. Certes, Helen Fielding tente, dans son roman, de se moquer des romans d’espionnage où on tombe sur un rebondissement invraisemblable toutes les dix pages, où les gadgets super-i-tech sont plus fous les uns que les autres ; si elle tente d’incarner ici un James Bond au féminin (qui serait maladroit et fleur bleue à la fois !) , je dois dire que la sauce ne prend pas. Les épisodes s’enchainent sans logique ; et plus c’est gros, plus ça plait à Helen Fielding qui n’hésite pas à faire croiser à son lecteur des personnages comme Ben Laden (rien que ça ! ) ou encore Brad Pitt.
Mais n’allez surtout pas croire que cet enchevêtrement invraisemblable d’aventures ait quoique ce soit d’amusant ! Ce n’est pas parce qu’Olivia Joules fait le tour du monde, ce n’est pas parce qu’elle rencontre de beaux mâles qui s’avèrent être des stars, des espions ou des psychopathes, qu’on s’amuse ! Ce roman se déploie comme une pauvre petite chose toute molle qui ennuie profondément le lecteur. Chaque épisode patine et s’enlise dans des considérations sans intérêt avant de céder la place au suivant qui fera de même.
A l’heure où Helen Fielding sort un dernier opus de Bridget Jones, je conseille de renouer avec notre sympathique héroïne dont l’existence s’étire dans des bureaux feutrés qu’on connait bien – je n’ai pas encore lu ce dernier tome qui est peut-être raté ! Et d’oublier cette Olivia qui ferait bien d’aller se perdre dans le bush australien.
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