LECTURES VAGABONDES

LECTURES VAGABONDES

Guy de Maupassant : La petite Roque et autres nouvelles.

       

        Qu’il est difficile de faire un choix entre toutes les nouvelles que Guy de Maupassant a écrit de 1875 à 1891 ! Gallimard l’a fait et propose de nombreux recueils où sont sélectionnées des nouvelles. Qu’en est-il de La petite Roque et autres nouvelles, recueil paru en 1987 ?

          Ces nouvelles que Gallimard a fait paraitre en 1987 se regroupent autour d’un thème cher à Maupassant : la folie ou les diverses bizarreries de l’âme humaine. La plupart de ces nouvelles racontent des histoires où la passion pousse un personnage à faire n’importe quoi. Souvent, c’est un coup de folie qui ne dure que quelques instants et qui va décider de toute une vie, soit en la marquant de manière irréversible, soit en faisant basculer à tout jamais le destin d’un personnage. C’est particulièrement le cas de la nouvelle emblématique de ce recueil : La petite Roque. Le maire, monsieur Renardet, pris d’une soudaine pulsion sexuelle, viole et assassine une enfant.

          Le mariage ou les relations amoureuses et leurs conséquences sont aussi souvent présents dans toutes ces nouvelles. La plupart du temps, ces relations sont vues comme une prison ; elles sont cause du malheur des personnages. Il faut dire qu’on est au XIXème siècle, siècle marqué par les mariages arrangés ou de raison. Par ailleurs, la morale bourgeoise, très étriquée, pèse sur les couples.

          Autre point commun de ce regroupement de nouvelles, c’est le lieu dans lequel elles se déroulent. La plupart d’entre elles se situent dans le sud de la France et plus particulièrement sur la côte d’Azur. Les autres, se déroulent dans une campagne bien française marquée par les traditions et le sens de l’honneur. Et pour commencer, à la manière de Balzac, Maupassant aime planter le décor dans lequel va s’inscrire son drame.

Enfin, cet ensemble de nouvelles offre à lire des tranches de vie édifiantes. En effet, une morale implicite, le plus souvent, affleure à la fin de chaque récit, sauf peut-être dans Sauvée ! où la conclusion est assez immorale : on y voit une femme qui doit son bonheur grâce à son divorce… Cependant, ce divorce a été obtenu dans de bien curieuses conditions : grâce à un piège d’un cynisme assez rarement égalé. 

          Mais trêve de commentaires, je vous laisse découvrir l’ouvrage !

 

La petite Roque : Nous sommes à Roüy-le-Tors et le facteur, Médéric Rompel vient de découvrir le cadavre de la petite Roque, violée puis étranglée. Aussitôt, le maire, monsieur Renardet, le juge d’instruction, monsieur Putoin, le médecin, et bien d’autres – des badauds, la mère de la petite victime – s’attroupent autour de la morte. Tous sont scandalisés par ce crime affreux d’autant plus qu’il est presque sûr que le meurtrier est un gars du pays ; en effet, le lendemain, les sabots de la petite Roque sont retrouvés sur le seuil de la maison où elle vivait avec sa famille. Cependant, le temps passe et on n’arrive pas à mettre la main sur le coupable. Le coupable ? C’est le maire, monsieur Renardet. Veuf depuis peu, il a été pris d’une pulsion sexuelle et s’est rué sur la première fille trouvée. Cependant, toute les nuits, il croit voir le fantôme de la petite et il est la proie d’affreux tourments au point qu’il décide de se donner la mort, sans avoir jamais le courage d’aller jusqu’au bout de son geste. Alors, il décide d’écrire une lettre au juge d’instruction, monsieur Putoin, lettre dans laquelle il se dénonce et explique la mort. En effet, il a décidé de se jeter du haut de la tour. Mais après avoir posté la lettre, le voilà de nouveau pris de doute : il a envie de vivre et se sent capable de surmonter ses visions nocturnes et macabres. Il se rue donc sur le facteur qui vient de faire sa tournée afin de relever la lettre qu’il a écrite à monsieur Putoin. Mais Médéric refuse de lui rendre cette fameuse lettre dans laquelle il se dénonce. Rien n’y fait… le facteur reste incorruptible. Acculé, le maire se jette alors du haut de la tour, comme il l’a écrit dans sa missive.

 

L’épave : Le narrateur écoute Georges Garin, son vieil ami, qui lui raconte l’histoire de son grand amour. Plusieurs décennies auparavant, Georges Garin a dû se rendre sur l’île de Ré afin d’examiner une épave : celle du Marie-Joseph. Alors qu’il se trouve sur l’épave, il rencontre un anglais et ses trois filles qui explorent en curieux le navire échoué. Georges se lie avec la plus jeune qui parle un peu la langue française. Mais la marée monte et bientôt, les voilà tous quatre prisonniers de l’épave qui peu à peu se noie. Ces moments de peur permettent à Georges de se rapprocher de la jeune fille qui frissonne contre lui. Mais une barque de pécheurs les a repérés et vient les reprendre avant que tout soit inondé. Cette histoire a eu lieu un premier janvier et désormais, tous les premiers janvier, la jeune fille écrit à Georges qui n’a jamais plus aimé à ce point une autre femme.

 

L’ermite : Le narrateur, en ballade dans la plaine de La Napoule, et plus particulièrement sur le mont au serpents, rencontre un ermite qui lui raconte son histoire. Lorsqu’il était jeune homme, il menait une vie dissolue, particulièrement en ce qui concerne les femmes. Un jour, il se laisse séduire par une très jeune fille. Mais lorsque le matin s’est levé, il a la surprise de trouver sa photo – quelque peu datée – sur le buffet de la demeure de la jeune fille. C’est ainsi qu’il découvre qu’il est le père de cette jeune fille. Depuis, il fait pénitence et mène une vie de renoncement sur le mont des serpents.

 

Mademoiselle Perle : Le narrateur se rend chez son ami monsieur Chantal pour tirer les rois, comme d’habitude. Mais, alors que d’habitude c’est monsieur Chantal qui est le roi, cette année-là, c’est le narrateur qui doit choisir sa reine. Et il choisit donc la servante, une certaine mademoiselle Perle. Monsieur Chantal lui raconte donc l’histoire étonnante de cette dernière. Elle fut abandonnée par sa mère sur le seuil des Chantal, alors qu’elle était encore un bébé. Dans ses langes, on a trouvé une coquette somme d’argent. En grandissant, l’enfant est restée dans la famille Chantal. Monsieur Chantal, amoureux de la jeune orpheline et à cause de ce sentiment, hésitera à épouser celle qui deviendra son épouse. En sondant un peu monsieur Chantal, le narrateur découvre que ce sentiment est réciproque. Voilà pourquoi mademoiselle Perle est restée attachée à la famille Chantal.

 

Rosalie Prudent : C’est procès de Rosalie Prudent, servante chez les Varambot, des bourgeois qui sont prêts à réclamer sa tête. En attendant, Rosalie est accusée d’infanticide. Elle témoigne : c’est le neveu de monsieur Varambot qui l’a mise enceinte. Elle voulait garder l’enfant mais à l’accouchement sont venus des jumeaux. Impossible pour elle de garder et d’élever deux enfants. Voilà pourquoi elle les a tous deux tués. Elle sera acquittée.

 

Sur les chats : Cette nouvelle présente diverses considérations sur les chats : leur pouvoir de fascination, les relations ambigües que le narrateur entretient avec eux (il prend plaisir à les voir souffrir, voire mourir), leurs points communs avec les femmes, leurs façons d’accaparer leur territoire en maître.

 

Sauvée : la marquise de Rennedon, toute contente, raconte à son amie la baronne de Grangerie comment elle a obtenu le divorce d’avec son mari. Ayant appris que ce dernier avait une maitresse, elle a engagé une bonne, Rose, ressemblant parfaitement à celle-ci. Certes, celle-ci connait tout à fait son rôle et s’en acquitte : monsieur est rapidement dans son lit. Il ne reste plus qu’à le prendre en flagrant délit dans le lit de Rose. Et c’est bientôt chose faite. La demande de divorce suit son cours, et la marquise est heureuse tandis que la baronne regrette de n’avoir pas été conviée au spectacle du flagrant délit d’adultère.

 

Madame Parisse : Au cap d’Antibes, monsieur Martini raconte au narrateur l’histoire de cette vieille et grosse dame qui passe devant eux. Elle s’appelle madame Parisse et fut bien mal mariée à un homme laid et insignifiant. Plusieurs décennies auparavant, le commandant Jean de Carmelin, établi dans le secteur, tombe amoureux d’elle et les sentiments sont réciproques. Mais pendant un certain temps, cet amour reste platonique. Cependant, le commandant est de plus en plus insistant et un rendez-vous charnel est prévu alors que monsieur Parisse est en voyage d’affaires ailleurs en France. Ayant appris que ce dernier a réussi à abréger ce voyage – ce retour compromet sa nuit d’amour avec madame Parisse – il fait boucler la ville d’Antibes et monsieur Parisse ne peut donc rentrer chez lui. Bien évidemment, le bruit de cette affaire s’est répandu et le commandant fut envoyé fort loin d’Antibes.

 

Julie Romain : Le narrateur, en promenade sur la côte d’azur, tombe sur une magnifique demeure toute fleurie. Il est invité à entrer. La propriétaire des lieux, c’est Julie Romain, une actrice qui eut autrefois ses heures de gloire et qui fut une star. Il faut dire qu’elle fut assistée par un poète et un musicien qui l’ont furieusement aimée. Julie a la nostalgie de ce temps-là. Alors elle confie un secret au narrateur. La nuit, lorsque la lune luit dans le ciel, elle envoie deux de ses domestiques simuler un rendez-vous amoureux tandis qu’elle contemple le spectacle de cette charmante idylle – lui rappelant ses amours passées - depuis son balcon.

 

Le père Amable : Césaire Houlbrèque voudrait bien épouser Céleste Lévesque mais celle-ci a - comme on dit – fauté et un enfant est né de son union avec Victor Lecoq. Pour cette raison, le père Amable – père de Césaire – refuse absolument d’entendre parler de ce mariage. Césaire fait intervenir le curé, ce qui fait plier le père Amable. Le mariage a lieu, mariage auquel le père Amable n’assistera pas. Mais bientôt, Césaire tombe malade et meurt. Voilà donc Céleste veuve. Pas pour bien longtemps. Un jour, le père Amable trouve sa bru, dans la maison où elle a vécu avec son fils, en compagnie de Victor, le père de son enfant illégitime. Désespéré, le père Amable se pend.

 

          En conclusion, on aime beaucoup les nouvelles de Maupassant. Cependant, la sélection que Gallimard nous propose ici est assez inégale.



20/11/2022
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