Guillaume Prévost : Le bal l’équarrisseur/Danse macabre.
En cette année 2014, centenaire de la grande guerre, fleurissent comme fleurs au fusil, les romans qui traitent de cette période noire y compris dans la collection 10/18 Grands Détectives. C’est le cas de cette œuvre : Le bal de l’équarrisseur écrit par Guillaume Prévost paru en 2011 aux éditions NIL.
Nous sommes en 1919, à la vieille de la signature du traité de Versailles qui acte les conditions de l’armistice pour l’Allemagne ; celle-ci refuse de signer pour l’instant vu la rigueur de ces dernières. Ainsi, la guerre risque de reprendre ; de plus, l’agitation ouvrière communiste est menaçante. C’est dans ce climat trouble que le détective François-Claudius Simon doit enquêter sur le meurtre atroce de plusieurs femmes : les victimes sont tuées d’un coup de merlin, outil destiné à l’abattage des bovins.
Avec Le bal de l’équarrisseur, Guillaume Prévost signe un policier classique comme on en trouve tant en vente dans toutes les bonnes gares. En effet, ce dernier use de toutes les ficelles qui font le succès du genre.
Tout d’abord, des meurtres glauques dans des endroits glauques. Les victimes sont des femmes perdues, des prostituées ; elles sont retrouvées dans un abattoir, dans une carrière désaffectée, ou encore, l’une d’entre elles est crucifiée sur la grille du palais de Versailles. Ces meurtres violents sont commis par un tueur mystérieux qui s’amuse avec les enquêteurs : il leur envoie, en effet, de mystérieux messages qui n’ont apparemment aucun sens mais qui forment une énigme, un puzzle, un rébus. C’est alors que nos policiers vont d’abord suivre les pistes qui s’offrent à eux, des pistes qui se dérobent sous leurs pieds : les suspects qu’ils filent se retrouvent, eux aussi, assassinés. Et puis, un jour, les choses se corsent : Elsa, la compagne et grand amour de notre héros, autrefois violée par une bande de voyou et convaincue que l’enquête de son chéri va la mener sur la piste de ses tortionnaires, se mêle de l’affaire et disparaît. Alors, François-Claudius va se retrouver au cœur de la bande d’escrocs violents et sanguinaires et se rendre compte que les meurtres des prostituées ne sont faits que pour détourner l’attention de la police et que le véritable but poursuivi par les coupables, c’est l’argent généré par la toute proche signature du traité de Versailles.
Mais tous ces ingrédients spectaculaires n’ont pas sur moi l’effet escompté : ils ne m’ont pas distraite ; ils ne m’ont pas passionnée et je suis restée froide devant cette succession d’actions aussi mouvementées qu’attendues. L’ensemble, selon moi, est trop léger : les personnages ne sont pas fouillés et ne sont dotés d’aucune psychologie si bien qu’on oublie leur nom et jusqu’à leur existence lorsqu’on a le malheur de les quitter pour quelques pages. Si on apprend que François, le détective, a connu les tranchées, une vie difficile et mouvementée, il n’en garde aucune séquelle, aucune fêlure ; quant aux méchants, ils sont aussi terrifiants qu’une portée de petits chats endormis.
Certes, l’auteur tente de lier étroitement son intrigue policière au contexte historique : l’après-première guerre mondiale ; cependant, cette dernière est insuffisamment présente, insuffisamment brossée et le lecteur a la désagréable sensation que l’Histoire, dans toute cette affaire, n’est qu’une pièce rapportée destinée à cautionner une intrigue bien conventionnelle et intemporelle.
Enfin, dans sa seconde partie, le roman accumule les rebondissements et les scènes d’action sans imagination ; le final est particulièrement prévisible : nous sommes dans le repère de la bande de l’équarrisseur ; nos hommes discutent de leurs méfaits ; nos policiers sont cachés à droite et à gauche… Puis : pan, pan. Délivrance de la belle Elsa détenue dans un sombre cachot. Pan, pan, à nouveau ; course-poursuite. Désolée, mais j’ai du mal à me passionner pour tout ce fatras inutile qui mène, de toutes manières, à l’arrestation des méchants.
Sans doute que ce type de roman à ficelles, riche en rebondissements, passionnera les amateurs du genre. Si je mets un bémol à l’intérêt de cette lecture, c’est parce que ce n’est pas ma tasse de thé, comme on dit. Mais assurément, on n’est pas face à un excellent polar qui mêlerait observation et critique sociale à l’enquête d’un inspecteur au caractère bien trempé ! De toutes façons, il semblerait aussi que ce genre de roman policier soit perle rare !
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