LECTURES VAGABONDES

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Gabriel Garcia Marquez : L’amour aux temps du choléra/Aux temps de l’ennui

         

               Aujourd’hui, je vous emmène à la rencontre du plus grand écrivain contemporain de langue espagnole. Malheureusement, je ne sais pas si j’ai choisi le bon roman pour vous le faire découvrir : L’amour aux temps du choléra, paru en 1985 aux éditions Bernard Grasset, m’a en effet prodigieusement ennuyée.

 

             Nous sommes à la fin du XIXème siècle, en Colombie, dans une petite ville sur les bords du fleuve Magdalena, dans les Caraïbes. Le docteur Juvénal Urbino, appelé au matin pour constater le décès par suicide du photographe Jérémiah de Saint Amour, va trouver la mort, lui aussi, en tentant d’attraper son perroquet : il tombe de l’escabeau et se tue. Sa veuve, Fermina Daza, reçoit le soir-même la visite d’un certain Florentino Ariza qui lui déclare son amour. Dès lors, nous allons retourner dans le passé pour découvrir l’étrange histoire de cet amour. Cinquante ans plus tôt, Florentin Ariza n’était qu’un obscur télégraphiste sans envergure. Cependant, il tombe amoureux de la belle Fermina Daza avec laquelle il échange des lettres ; il la rencontre régulièrement sur une petite place, sous les marronniers. Elle bénéficie, pour apercevoir son soupirant, de l’aide de sa tante Escolastica. Cependant, le père de Fermina Daza, Lorenzo Daza, voit d’un mauvais œil cet amour car il pense que Florentino Ariza ne représente pas un bon parti pour sa fille. Il l’éloigne donc, et la jeune fille se retrouve pendant plusieurs mois chez sa cousine Hildebranda Sanchez tandis que la tante Escolastica est renvoyée. Cependant, Florentino Ariza suit de loin sa dulcinée et lui envoie encore des lettres. Enfin, Fermina Daza rentre chez elle, et un jour, elle pense qu’elle n’aime plus Florentino Ariza. Elle jette son dévolu sur le docteur Juvénal Urbino, célébrité locale qui veut assainir la ville, inculquer des notions d’hygiène aux habitants, afin de faire reculer les maladies et notamment le choléra – de temps à autre, le pays compte avec une épidémie de choléra. Avec Juvénal Urbino comme mari, Fermina Daza devient une femme riche, qui jouit d’une certaine notoriété publique. De son côté, Florentino Ariza ne parvient pas à oublier son grand amour. Il poursuit son travail de télégraphiste tout en devenant écrivain public. Il aime écrire des lettres d’amour pour les gens et il a l’ambition d’éditer une compilation de ces lettres. Grâce à l’oncle Léon XII, il entre comme commis à la compagnie fluviale des Caraïbes. Désormais, il va monter tous les échelons au sein de cette compagnie car il veut se montrer digne de Fermina Daza et récupérer son amour. Il aura également de très nombreuses maîtresses, des mulâtresses dans l’ensemble. Citons quelques-unes d’entre elles : la veuve Nazaret, Ausencia Santander, Leona Cassiani, Sara Noriega, sans oublier America Vinuca, sa nièce. Cependant, il aime toujours Fermina Daza et la suit de loin, par exemple, lorsqu’elle parraine les Jeux Floraux, ou lorsqu’elle prend le bateau avec son époux. La jeune femme est d’ailleurs mère de trois enfants. Après la mort de Juvenal Urbino, Florentino Ariza reprend la correspondance épistolaire avec Fermina Daza. Timide au départ, elle s’intensifie avec les années. Un jour, alors que désormais Florentino est directeur de la compagnie fluviale des Caraïbes, il emmène Fermina Daza pour une croisière sur le fleuve Magdalena. Là, ils deviennent amants. Pour pouvoir s’aimer tranquillement, et longtemps, ils hissent le pavillon du choléra et, désormais intouchables, se laissent ainsi glisser sur le fleuve.

 

          Voici donc L’amour aux temps du choléra, un roman qui m’a paru vraiment long, très long, et bourré d’anecdotes inintéressantes sur le quotidien des personnages, leurs goûts et leurs manies.

          Si la trame du roman est simple, le roman foisonne de personnages annexes, et peu fouillés comme les maitresses de Florentino. C’est également vrai pour le photographe, Jérémiah de Saint Amour, que le docteur Urbino découvre mort au début du roman et sur lequel l’auteur insiste : on croit qu’un flash-back fera de ce suicidé un personnage important… et puis non ; on ne reparlera plus de lui, par la suite.

        On découvre assez vite que ce qui structure le roman de manière sous-jacente, c’est le fleuve Magdalena – un nom de femme à la fois scandaleuse – car prostituée – et pure – qui lie les personnages et irrigue de pays. Ce fleuve est un personnage à part entière. En effet, c’est par lui qu’arrive Juvénal Urbino, celui qui dérobera à Florentino Aziza sa bien-aimée, Fermina Daza. C’est aussi sur le fleuve Magdalena que, bien plus tard, après la mort du docteur Urbino, Florentino et Fermina deviendront amants. Il est donc ce qui sépare et ce qui rapproche. Par ailleurs, il est également lié au temps qui passe car il est témoin de la modernisation du pays à travers les modifications des bateaux qui voguent dans ses eaux. Ainsi, le bateau à roue deviendra bateau à vapeur.

          Si l’histoire d’amour qui unit Florentino Aziza et Fermina Daza parait très romanesque (puisque toute sa vie, Florentino aimera Fermina au point d’attendre son tour lorsqu’elle se marie, convaincu qu’elle sera son seul grand amour), il n’en est pas moins très réaliste quant au vieillissement des corps. Les fonctions corporelles sont, elles aussi, évoquées sans pudeur. Ainsi, Garcia Marquez évoque les flatulences dont souffre Florentino, mais aussi les misères de son corps qui vieillit. Que va-t-il bien pouvoir donner d’exceptionnel à Fermina Daza ? Elle-même est évoquée dans son vieillissement de manière certes, un peu plus pudique ; ce n’est que lorsqu’elle se déshabille devant Florentino à la fin du roman, que son corps apparait dans la dégradation que le temps lui a infligée.

          Certains diront que L’amour aux temps du choléra est un fantastique roman d’amour. Je n’y ai pas été sensible. Il s’agit avant tout de la chronique d’une petite ville de Colombie, avec ses fêtes et ses événements annuels qui marquent le temps qui passe, de la chronique d’un amour qui se présente comme éternel, même si la vie et le quotidien l’entachent quelque peu. En effet, Florentino Aziza a de nombreuses maitresses, mais il ne leur donne que son corps ; son cœur appartient à Fermina Daza. Et le choléra, dans tout ça ? Il va et vient dans d’autres contrées que traverse le fleuve… Il est d’un autre temps et d’un autre endroit que celui dans lequel vivent les personnages qui n’y sont pas confrontés. Reste que l’alliance des mots « amour » et « choléra », qui renvoient à deux imaginaires opposés, forme un magnifique titre pour un roman qui ne l’est pas, à mon avis.



15/10/2023
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