LECTURES VAGABONDES

          Quand on se retrouve face à un titre de roman tel que celui que propose Kate Atkinson – Les choses s’arrangent mais ça ne va pas mieux, paru en 2006 aux éditions de Fallois – on se dit soit : « Je vais passer un bon moment avec livre amusant dans le style so british, soit : « Ce titre n’a ni queue ni tête, je passe mon chemin ». En l’occurrence, je pencherai plutôt pour la seconde option (même si j’ai lu l’œuvre intégralement ! ouf !)

          Tout commence par un accrochage entre automobilistes, un beau matin, à Edinbourg. Un homme - qu’on nommera au départ Paul Bradley – est percuté par une Honda conduite par un inconnu qui s’appelle Terrence. Plusieurs badauds assistent à la scène parmi lesquels un ancien détective nommé Jackson qui se trouve à cet endroit parce que sa petite amie Julia participe au festival de théâtre amateur qui a lieu dans la ville. Nous avons aussi la richissime Gloria Hatter dont le mari, Graham est un promoteur immobilier véreux. Enfin, Martin Canning, un auteur de polars à succès passe aussi par là car il doit se rendre à un salon du livre. Le petit groupe se disloque, une fois l’incident clos.

Martin accompagne néanmoins Paul Bradley à l’hôpital et, lorsque ce dernier en sort, il loue pour la nuit une chambre d’hôtel pour pouvoir se reposer. Mais, en fouillant dans les affaires de Paul Bradley, il découvre un revolver qu’il lui dérobe. Le lendemain, Paul Bradley a disparu. De retour à son appartement, Martin découvre le cadavre d’un de ses amis qui a passé là la nuit. Il s’agit de Richard Moat. De son côté, Jackson, en se promenant, découvre le cadavre noyé d’une jeune femme qui porte sur elle une carte de l’entreprise Faveurs. En menant son enquête, il s’agirait d’une entreprise d’aide à la personne qui se charge notamment de faire le ménage chez des particuliers. Or, derrière cette façade respectable se cacherait un réseau de prostitution principalement composé de filles de l’Est. Bientôt, Jackson se rend compte qu’il est suivi par une certaine Tatiana. Par ailleurs, il est aussi agressé par Terence, l’homme à la Honda. Louise, inspectrice de police est chargée des deux affaires : Jackson est interrogé et noue avec la policière des relations ambigües de séduction et de travail. De son côté, Martin Canning découvre qu’on a cambriolé son bureau et erre dans la ville, un peu perdu car il craint qu’on ne lui mette sur le dos le meurtre de Richard Moat, assassiné dans son appartement. Tous ces personnages se retrouveront pour diverses raisons et de manière fortuite chez Gloria Hatter, l’épouse du promoteur véreux qui construit des logements à bas prix. En effet, l’homme à la Honda, Terence, travaille pour son mari et tous sont à sa recherche. C’est alors que le drame survient : Martin Canning, qui déteint le revolver du mystérieux Paul Bradley, tue Terence qui n’est autre que l’homme de main de Graham Hatter. Cependant, le promoteur a mystérieusement disparu ; en réalité, il est à l’hôpital car il vient de faire un infarctus et son épouse souhaite qu’il meure pour pouvoir disposer de sa fortune. C’est alors que le mystérieux Paul Bradley -  de son vrai nom Ray -  fait son apparition dans la chambre du moribond : il est chargé par son épouse, Gloria, de l’envoyer vers l’au-delà.

          Dans ce roman qui se targue d’entrer dans le genre policier , l’intrigue présentée n’offre qu’un intérêt très limité. L’auteure a voulu jouer avec un savant chassé-croisé entre des personnages qui ne se connaissent pas mais que le hasard ou la nécessité va faire se croiser. Cependant, les raisons pour lesquelles Jackson, Louise, Martin, Terence, Gloria et tutti quanti se rencontrent sont peu plausibles, confuses et presque injustifiables. Ainsi, l’enquête policière s’avère être très lente et tirée par les cheveux. Je pense qu’au bout de quelques jours après la fin de la lecture de ce roman, on oublie cet aspect-là du livre. Cependant, il offre bien quelques autres intérêts…

          En effet, la majeure partie du roman développe les pensées, le passé, les désirs de tous ces personnages. Ainsi, on apprend que Gloria n’a qu’une seule envie : se débarrasser de son mari qui la trompe et dont l’argent est pour elle source de convoitise. Louise, de son côté, vient de perdre sa mère et récupère l’urne funéraire qui contient ses cendres. Elle est soulagée de la mort de cette femme avec laquelle elle n’avait pas de bons rapports. Par contre, quand son chat vient à mourir, c’est le drame ! Et puis, il y a Archie, son fils, qui lui pose souci. Elle se demande ce qu’il trafique avec son copain Hamish dans la chambre. Il semble bien que ce soient les deux garçons qui détiennent la clé USB sur laquelle se trouve le nouveau roman de Martin Canning. Jackson, de son côté, aime Julia et découvre qu’elle est enceinte… mais, lui dira-t-elle, l’enfant n’est pas de lui ! Martin Canning se souvient d’une jeune femme russe qu’il avait rencontrée lors d’un voyage… et qu’il avait tuée par accident… ensuite, il s’était débarrassé du corps. Ainsi, ce personnage-là est-il assez trouble et on se demande s’il n’est pas une sorte de serial killer. Mais le doute ne subsiste guère ! On appréciera quand même cette dose d’humour noir que Kate Atkinson distille dans les rapports humains qui concernent ses personnages.

          Enfin, on trouve aussi dans ce roman une satire – assez superficielle, je dois dire – des salons du livre où chaque écrivain cherche à être la star du moment. Satire également des festivals de théâtre amateur où la médiocrité se déguise sous des considérations intellectualisantes. Quant à la critique des réseaux cachés de prostitution… c’est tellement léger qu’on ne peut parler ni de critique, ni de satire… On attendait pourtant une véritable intégration de cette veine à l’ensemble du roman, mais niet !

          Ainsi, aux amateurs de polars, je dis qu’il vaut mieux passer son chemin. Pour le reste, c’est trop superficiel pour mériter une quelconque recommandation. Alors, reste à conseiller ce roman aux amateurs de Kate Atkinson.