LECTURES VAGABONDES

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Françoise Sagan : Un certain sourire / Une certaine romance.

       

  Certains diront qu’Un certain sourire, second roman que publie Françoise Sagan en 1955 aux éditions Gallimard, c’est un peu la suite de Bonjour tristesse. En effet, on y retrouve une héroïne étudiante, le même ton désabusé, et le même regard désenchanté posé sur la vie.  Ainsi, si vous avez apprécié Bonjour tristesse, vous aimerez sans doute Un certain sourire

 

         Nous sommes dans les années 50, à Paris. La jeune Dominique étudie le droit et s’ennuie profondément. Elle a un petit ami assez insipide prénommé Bertrand avec lequel elle s’entend bien. Un jour, Bertrand lui présente son oncle Luc, ainsi que l’épouse de celui-ci : Françoise. Aussitôt, Dominique devient amie du couple ; elle est secrètement très attirée par Luc, et ce sentiment est réciproque. Mais la jeune fille refuse de faire souffrir et son petit ami Bertrand, et sa nouvelle amie Françoise. Cependant, Luc invite Dominique à passer une semaine de vacances à Cannes, seule avec lui, semaine idyllique et heureuse durant laquelle ils deviennent amants. La semaine devient quinze jours. Cependant, l’un et l’autre refusent de voir l’évidence : ils sont amoureux l’un de l’autre. Mais il faut bien rentrer  à Paris et reprendre la vie routinière et ennuyeuse d’avant la côte d’Azur. C’est alors que Dominique commence à souffrir réellement du manque de Luc. Elle rompt avec Bertrand et sombre dans la dépression d’autant plus que Luc ne l’appelle pas. Par ailleurs, Françoise apprend la tromperie de son mari et celle de son amie, raison pour laquelle Luc ne cherche plus à la contacter. Mais au retour d’un voyage aux Etats-Unis, enfin, Luc téléphone… Dominique répond positivement à sa demande de rendez-vous.

 

          Très étrange la sensation que laisse la lecture d’Un certain sourire, roman écrit par Françoise Sagan. J’ai eu, en effet, l’impression d’être face à une bluette sans grand intérêt, sauf qu’elle joue dans le registre intello, ce qui la démarque des romans de la collection Harlequin.

          Car finalement, que raconte Un certain sourire, sinon une banale histoire d’amour entre une jeune fille et un homme plus expérimenté, mais hélas, déjà marié ? On est donc face à une trame sentimentale convenue et maintes fois rebattue dans les romans à l’eau de rose.

          Certes, cette histoire d’amour se déroule sur un fond d’existentialisme, courant philosophique qui influença Françoise Sagan dans sa forme sartrienne. En effet, ennui et solitude marquent l’existence de Dominique, l’héroïne du roman. Ce thème de l’ennui, du désabusement, est en effet un pilier du roman existentialiste.

           Cet ennui chronique que ressent toute cette génération qui devient adulte dans les années 50 se manifeste par l’indifférence à tout, par l’absence de tout sentiment ; ainsi, on a des amants pour passer le temps, mais on ne s’embarque pas dans des histoires d’amour qui accaparent le corps et l’esprit.

Par ailleurs, ce qui caractérise également les jeunes filles qui grandissent dans les années 50 et deviennent alors des femmes, c’est la liberté sexuelle qu’elles commencent à afficher dans leurs mœurs. Ainsi, Dominique couche avec Bertrand qu’elle n’aime pas, puis elle passe dans le lit de Luc sans états d’âme. Elle sait, cependant, qu’elle ne se mariera pas avec lui puisqu’il est déjà marié.

          Pourtant, malgré cet esprit du temps auquel Dominique et Luc se raccrochent, ils restent proches des traditions et des convenances et se retrouvent donc en porte-à-faux avec les nouveaux principes dont ils se réclament. Luc, tout d’abord, même s’il aime Dominique, ne divorcera pas d’avec Françoise.           Quant à Dominique, elle culpabilise parce qu’elle trompe Françoise et que cette dernière est son amie. Comme on le voit, Dominique et Luc sont aussi soumis à la morale bourgeoise que les années 60 vont largement réprouver et que les années 50 commencent à égratigner.

          Enfin, on retrouve ce ton particulier à Françoise Sagan, un ton désabusé, un rien détaché, marqué par une certaine mélancolie.

          Ainsi, Un certain sourire est un roman qui croque l’air du temps des années 50, tout en restant malgré tout intemporel. Il raconte, en effet, avec une certaine désinvolture, cette maladie d’amour que tout le monde contracte un jour ou l’autre. Elle court, elle court, la maladie d’amour !

 



07/09/2025
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