LECTURES VAGABONDES

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David Foenkinos : Lennon / hommage à l’homme plus qu’au chanteur.


On a tous déjà entendu parler de John Lennon, fondateur du mythique groupe The Beatles, assassiné le 8 décembre 1980 par un fan en colère. Entendu parler, certes, mais le connait-on vraiment ? En imaginant les confessions du défunt chanteur, David Foënkinos, dans le roman Lennon paru en 2010 aux éditions Plon propose de revenir sur le parcours de celui-ci.

De 1975 à 1980, John Lennon se retire du show-business pour se consacrer à son fils Sean. David Foënkinos s’empare de ces cinq années de rupture et de calme pendant lesquels il imagine le chanteur sur le divan d’un psychanalyste. Le roman se divise donc en 18 séances qui reviennent sur le parcours de Lennon de manière chronologique. Le lecteur est ainsi plongé dans la position de confident.

John nait à la fin de la seconde guerre mondiale : période tourmentée pour une enfance tourmentée. Son père et sa mère ne s’entendent pas et l’enfant finit par être plus ou moins abandonné par des parents trop bohèmes pour se livrer à une éducation solide. C’est la sœur de sa mère, tante Mimi, qui se chargera de l’affaire ; ainsi, John grandit-il au sein d’une famille de bonne volonté, mais quelque peu étriquée et ennuyeuse. Très vite, il sombre dans la délinquance. Au lycée, il fonde un groupe, prémisse des Beatles. Il bourlingue à droite et à gauche, notamment dans les clubs crasseux de Hambourg… cependant, sa musique plait. Mais c’est sa rencontre avec Brian Epstein, qui deviendra manager du groupe, qui fait décoller sa carrière. Entre drogue, concerts de folie, tensions, notamment avec Paul McCartney, les choses sont souvent difficiles pour John qui n’est guère heureux. Il n’aime pas sa femme, Cynthia, et s’avère incapable d’élever son fils Julian. Jusqu’au jour où l’amour fou entre dans sa vie en la personne de Yoko Ono, une jeune artiste peintre. Rejetés par le reste du groupe, c’est l’explosion et la fin des Beatles. S’ouvre alors pour John une carrière solo, plutôt New-Yorkaise, étroitement liée à un engagement politique pacifiste.

Voilà ainsi succinctement résumée la vie de Lennon. Cependant, plus que les petits événements qui jalonnent la vie de l’artiste, c’est le portrait d’ensemble qui se dégage de l’œuvre qui me semble intéressant.

Intéressant, car aux antipodes de ce que j’attendais, moi qui connais très mal Lennon, et qui garde de lui l’idée d’un homme plutôt cool et pacifiste. Pas du tout : Lennon était violent et a failli tuer deux fois.

« Est-ce que ça m’a fait du bien de parler du tout ça ? Je ne sais pas. Je me dis juste que mon énergie pacifiste est le fruit de ma violence. Que j’ai tout fait par la suite pour canaliser ma haine. Et les drogues m’ont sûrement aidé en détruisant mon ego, en détruisant ma capacité d’action. Je n’ai cessé de chanter la Paix, et c’était ma propre paix que je cherchais. Des tentatives pour être en paix avec moi-même. Cette quête de l’absolution parasite mes mélodies.»

Ensuite, c’est un  homme profondément tourmenté que l’on découvre : sa vie est constellée de doutes et de dépressions. Fragile, il se réfugie dans l’alcool où la drogue. Certes, Foënkinos revient souvent sur l’enfance du chanteur, la fêlure qui l’affecte suite à l’abandon de sa mère. Cette blessure de la prime enfance est le point de départ et peut-être d’explication d’une personnalité qui se satisfait peu de la réalité, du succès. Non, Lennon n’a pas aimé la vie qu’il a menée, non, Lennon n’a pas toujours aimé ce qu’ont fait les Beatles. Le succès lui pèse, très souvent.

J’ai également aimé l’écriture de ce roman : langage parlé, relâché, parfois ordurier, la voix d’un homme qui s’exprime sans fard. Le ton est plutôt grave et rageur : c’est un ras-le-bol de la vie et le dégoût du show-business que Lennon exprime… pourtant, par-ci, par-là, on trouve quelques traits d’humour chers à Foënkinos qui viennent dédramatiser l’ensemble.

Je ne sais si les fans de Lennon aimeront ce livre assez particulier : à mi-chemin entre la biographie pure et dure et le roman de confidences. Je ne sais si le portrait qui est proposé de l’artiste est juste car je suis totalement néophyte en ce qui concerne la période Beatles qui précède ma naissance. En tout cas, ce roman m’aura permis de découvrir plus qu’un phénomène, un homme, bien loin des stéréotypes qui lui collent à la peau.



16/12/2011
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