LECTURES VAGABONDES

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Coleen McCullough : Les oiseaux se cachent pour mourir/l’envolée belle

          On se souvient tous de la grande saga des années 80 remettant au goût du jour l’inépuisable thème de l’amour impossible car interdit ! J’ai nommé Les oiseaux se cachent pour mourir d’après le roman de Coleen McCullough paru en 1978 aux éditions Belfond, avec Richard Chamberlain dans le rôle du père Ralph de Bricassart et Rachel Ward dans le rôle de Meggie Cleary.

 

          Nouvelle-Zélande, dans les années 20. Meggie Cleary grandit en compagnie de ses frères dans une famille pauvre. Cependant, un jour, sa tante, la très riche Mary Carson, décide de faire venir son frère et toute sa famille pour devenir régisseur de sa grande propriété de Drogheda en Nouvelle-Galles du Sud, Australie. Désormais, les Cleary sont à l’abri du besoin ; de son côté, Meggie s’attache au prêtre Ralph de Bricassart dont Mary

Carson, sa tante, est également amoureuse. Cette dernière pressent le grand amour qui unira Meggie et Ralph. Jalouse, elle décide de se venger et de séparer les amoureux : c’est le prêtre qui héritera du domaine de Drogheda et de la fortune des Cleary. Ainsi, l’église se chargera d’offrir de belles perspectives professionnelles au richissime Ralph tandis que Meggie croupira à Drogheda, à l’abri du besoin. Après la mort de Mary Carson, Ralph est envoyé à Rome où il deviendra archevêque, dans un premier temps. A Drogheda, la vie continue au rythme des pluies et des sécheresses qui amènent parfois de grands malheurs : Paddy, le père de Meggie, et Stu, l’un de ses frères, trouvent la mort dans un immense incendie. De son côté, Meggie, secrètement éprise du beau Ralph, mais confrontée à l’impossibilité de cet amour, décide de se marier et de fonder une famille. Elle rencontre un ouvrier saisonnier venu tondre les moutons de Droghda : Luke O Neil. Elle l’épouse et va vivre avec lui dans le Queensland. Elle met au monde une fille : Justine. Cependant, Luke est obsédé par son travail de coupeur de canne à sucre et la jeune femme vit seule chez des amis de Luke qui décident de lui offrir des vacances sur l’île de Matlock. C’est là que Ralph la rejoindra et s’unira à elle. Un fils naît : Dane. Meggie décide de rompre avec Luke et de retourner vivre avec ses deux enfants à Drogheda. Le temps passe. Justine deviendra actrice à Londres, tandis que Dane veut devenir prêtre, au grand désespoir de Maggie qui envoie quand même son fils en apprentissage auprès du désormais cardinal de Bricassart. Et le malheur s’abat encore une fois sur Meggie : Dane, en vacances en Crète, décède d’une crise cardiaque alors qu’il se baignait. Meggie dévoile à Ralph son grand secret : Dane était son fils. Ralph ne supporte pas la révélation et décède, lui aussi, quelques temps plus tard. Reste Justine, qui après maintes hésitations, épousera Rainer, un allemand, et s’installera en Europe pour vivre sa vie.

 

          Quel plaisir, au départ, que celui de se replonger dans une grande saga qui m’a tellement emportée dans les années 80 ! D’ailleurs, sur la quatrième de couverture, on n’hésite pas à comparer Les oiseaux se cachent pour mourir à Autant en emporte le vent. A tort ou à raison ? Il est vrai que Les oiseaux se cachent pour mourir répond à toutes les exigences de la grande saga à succès. Une famille – Les Cleary – un domaine – Drogheda – et une grande histoire d’amour contrariée : un prêtre qui a fait vœu de chasteté et une femme d’une telle beauté que dieu lui-même se damnerait pour l’épouser ! Mais l’histoire d’amour entre Meggie et Ralph, si elle est principale, n’est cependant pas la seule à nous emporter ! D’autres personnages et d’autres formes d’amour donnent son ampleur à la saga ! L’amour filial, par exemple : la mère de Meggie, Fiona, aime particulièrement son fils ainé, Franck, enfant issu d’un premier amour passionné et contrarié. Ce fils sera marqué par la malédiction : violent, il passera de nombreuses années en prison. De la même manière, Meggie aimera Dane - le fils qu’elle aura de son grand amour le prêtre Ralph de Bricaassart - d’un amour particulier et ce fils mourra de manière prématurée. Ainsi, de génération en génération, ce sont les mêmes histoires qui lient les deux personnages féminins principaux du roman, même si elles gardent pour elles leur grand secret !

          Bien évidemment, la vie à Drogheda sera aussi marquée par le malheur ! De nombreux décès marquent l’histoire des Cleary : Paddie, Stu meurent dans un grand incendie qui ravage le domaine. Les deux jumeaux, Jims et Patsy, seront marqués à vie par leur expérience de la guerre dans le Pacifique ; plus tard, Dane mourra lors d’une baignade en Méditerranée.

          En parallèle à l’histoire d’une famille, Coleen McCullough s’attache à raconter la vie face à la rude nature australienne : le domaine de Drogheda, situé dans la Nouvelle Galles du Sud, est marqué par de très nombreuses sécheresses, des tempêtes, orages, inondations de tout acabit, des invasions de lapins, de mouches… De nombreuses pages sont donc consacrées à l’évocation des contraintes climatiques de cette rude région australienne.

          Même si globalement, j’ai beaucoup aimé cette saga qui exploite et décline avec talent tous les ingrédients attendus d’une grande histoire romanesque, je dois avouer que l’ensemble est un peu long : presque 900 pages ! Inutile de dire que parfois, on a envie d’appuyer sur la touche « avance rapide ». Surtout vers la fin ! En effet, les dernières 100 pages sont consacrées à l’histoire des enfants de Meggie : ainsi, on quitte les héros de la saga pour s’attacher à des personnages qui peinent à retenir notre intérêt, qui peinent à devenir principaux ! Je dois bien dire que les tergiversations de Justine qui ne sait si elle doit ou non s’engager avec Rainer m’ont laissée de marbre ! Au bout de huit ans, elle couche avec lui et découvre le plaisir ; fichtre ! Et puis, son frère, Dane, meurt, et Justine se sent responsable de cette mort : pour se punir, elle décide de sacrifier son bonheur. Et de nouveau, elle s’éloigne de Rainer pour enfin décider de l’épouser… 3 ans plus tard ! Par ailleurs, je dois avouer que le coup de la vocation de Dane pour la prêtrise m’a bien fait rire ! Certes, il est le fils de Ralph de Bricassart… et alors ? Est-ce pour autant qu’il doive devenir prêtre ? Y a-t-il un gène de la vocation religieuse ? Jusqu’à présent, aucune preuve ! Et aucune recherche n’est, par ailleurs, effectuée sur cette stupide question. Bref, tous les symptômes de la panne d’inspiration affectent la fin de la saga qui se termine en eau de boudin, dans le grotesque et le démonstratif : la famille Cleary semble marquée du sceau du malheur… arrivera-t-elle à infléchir cette horrible fatalité qui pèse sur elle ? Dernière question : et pourquoi Ralph meurt-il juste après avoir découvert que Dane était son fils ?

          Mais arrêtons-là toutes ces questions pernicieuses. La saga, même si elle souffre de quelques inégalités, est globalement une grande et belle réussite et Coleen McCullough, une écrivaine de talent qui n’hésite pas à se lancer dans l’écriture de romans-fleuves ! Une belle leçon à donner à tous les pisse-petits ! Son œuvre sur Jules César est à ce niveau, un modèle de précision historique et de maîtrise de l’art de roman ! A suivre donc !

 



31/12/2018
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