LECTURES VAGABONDES

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Alison Lurie : La vérité et ses conséquences/En vérité, c’est un bon roman

   

  La vérité et ses conséquences, voici un titre bien ambitieux pour une comédie légère aux tonalités douces-amères comme seule sait les concocter Alison Lurie. C’est en 2006 que parait aux éditions Payot et Rivages, ce roman d’Alison Lurie, intitulé La vérité et ses conséquences.

 

          Jane Mackenzie est responsable administrative au centre Unger des sciences humaines à l’université de Corinth. Elle est mariée depuis de nombreuses années à Alan Mackenzie, peintre et chercheur dans le domaine de l’architecture religieuse. Depuis quelques mois, Alan a mal au dos - conséquence d’une chute – et il est devenu imbuvable. Sans cesse, il réclame ceci ou cela à sa femme qui ne voit plus en lui qu’un pénible malade. C’est alors que la belle Délia Delanay et son soi-disant époux Henry Hull, débarquent au centre Unger : elle est invitée en résidence à l’université où travaillent Jane et Alan. Très vite, Jane est attirée par Henry qui possède des points communs avec elle : son « épouse », Délia, souffre de migraines et lui aussi, passe sa vie à servir son épouse. De son côté, Alan entame une liaison légère avec Délia. Un jour, la vérité éclate : Jane surprend Alan en petite tenue dans le bureau de Délia. Voici venu le temps des conséquences de l’adultère : Jane quitte Alan cependant qu’Henry ne se sent pas la force de quitter Délia ; d’autre part, il n’est pas question pour Délia de s’installer avec Alan d’autant plus que cette dernière est convaincue que Jane reviendra vers lui, ce qui ne manque pas de se produire. Cependant, le couple ne peut plus se voiler la face : leur mariage est ruiné et ne se base plus que sur l’habitude et le devoir de l’un envers l’autre. Tandis que Délia, accablée par sa notoriété, rançon de son succès, disparait pendant quelques temps, Jane et Henry se rapprochent à nouveau et décident de se marier – eh oui ! Le mariage d’Henry avec Délia n’avait pas été enregistré. Alan se retrouve seul et bien seul, puisque lorsque Délia réapparait, c’est avec son tout nouveau mari : Wallace Hersh !

 

           Avec La vérité et ses conséquences, Alison Lurie nous offre une comédie douce-amère sur le mariage et ses désillusions : la lente usure de l’amour, les difficultés à tourner la page mais aussi le vieillissement. Aussi insiste-t-elle pour s’en amuser et pour en voiler le côté tragique et inéluctable : les rhumatismes qui rendent la vie insupportable et la transformation des êtres par le temps. Toutefois, on supporte son mal physique comme on supporte son mal psychique : même lorsqu’on n’aime plus son conjoint, il est difficile de le quitter. Cependant, si les hommes – incarnés par Alan – semblent plus atteints par les douleurs physiques qui les rendent ronchon, les femmes paraissent plus affectées par le mal psychique : ainsi, Jane quitte-t-elle Alan pour de bon à la fin du roman, alors qu’on aurait plutôt parié sur la relation Alan-Délia, tant les hommes semblent plus légers et capables de laisser tomber plus facilement leur femme pour une autre.

          Cependant, La vérité et ses conséquences, ce n’est pas seulement une comédie-vaudeville sur les couples qui valsent, se font et se défont au gré du temps qui passe et qui détruit tout. Car alors, on aurait eu un roman plutôt déprimant dans le fond, ce qui n’est pas le cas. En effet, ce roman traite aussi de l’amour naissant et du coup de fouet qu’il donne au moral. A vingt ans comme à soixante, lorsqu’on tombe amoureux, on retrouve une âme et une énergie d’adolescent. C’est ce qui arrive particulièrement à Jane qui trouve en Henry une sorte d’alter ego masculin.

           Enfin, et comme souvent chez Alison Lurie, La vérité et ses conséquences propose une satire des milieux intellectuels et universitaires.  Ainsi pénétrons-nous dans un monde qui évolue en vase clos, dans l’entre-soi. Même s’ils habitent aux quatre coins du monde, les personnages qui évoluent dans ce milieu se connaissent et se reconnaissent grâce, principalement, à leur réputation, aux ouvrages qu’ils écrivent, et aux voyages et séjours qu’ils peuvent faire à droite et à gauche notamment grâce au principe des résidences universitaires. Cependant, dans ce petit monde, la notoriété est importante et si Alan est autant attiré par Délia, c’est que ses œuvres ont beaucoup de succès. Quant au mari que celle-ci prend à la fin du roman… tout le monde en dit du mal, elle la première ! Cependant, il a beaucoup d’argent, argument de poids pour Délia, cette capricieuse vedette des milieux universitaires.

          La vérité et ses conséquences n’est sans doute pas le meilleur roman écrit par Alison Lurie qui reste assez superficielle et légère dans l’évocation psychologique de ses personnages. Reste un séduisant et amusant chassé-croisé dans le huis-clos de deux couples évoluant dans le milieu universitaire. C’est pourquoi, il est la promesse d’un agréable moment de lecture ; la conséquence, c’est qu’il met le lecteur de bonne humeur ! La vérité si je mens !



29/08/2021
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