LECTURES VAGABONDES

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Victor Hugo : Les Misérables (tome 2) – Cosette.

 

             Qui l’eut cru ? J’ai vraiment galéré pour démarrer ce second tome  des  Misérables. Au point que j’ai pensé que je n’y arriverai pas. Mais avec un peu d’obstination pour passer les 10 premières pages, j’ai finalement réussi à lire ce second tome que Victor Hugo nomme Cosette – paru en 1862 - et j’ai même adoré !

 

          Après avoir raconté en long, en large et en travers, la bataille de Waterloo qui met fin à l’épopée napoléonienne, on zoome sur une silhouette qui, la nuit venue, détrousse les cadavres des soldats tombés sur le champ de bataille : il s’agit du funeste Thénardier. Cependant, il sauve malgré lui un officier nommé Pontmercy.

Mais revenons à Jean Valjean, de nouveau condamné au bagne pour s’être dénoncé dans le cadre du vol qu’il avait commis à l’encontre d’un petit savoyard (voir tome I). Il parvient à sauter du navire – L’Orion – qui l’emmenait dans ce funeste endroit. Son but : accomplir la promesse faite à Fantine sur son lit de mort : retrouver sa petite fille Cosette et l’extirper des griffes des Thénardier. Valjean se rend donc à l’auberge des Thénardier, à Montfermeil et reprend Cosette, maltraitée par cet horrible couple. L’homme s’installe avec la petite fille dans une maison délabrée où une vieille fouineuse loue des chambres ; il s’agit de la maison Gorbeau située dans les faubourgs du nord de Paris. Même s’ils doivent vivre à l’abri des regards, Jean Valjean et Cosette coulent là des jours heureux. Mais un jour, Valjean croit apercevoir Javert dans les parages. Après une course-poursuite épique à travers les ruelles sombres de Paris la nuit, Valjean  parvient à semer Javert et ses hommes ; il se réfugie du couvent du Petit-Picpus, là où le vieux Fauchelevent – que Valjean avait sauvé (voir tome I) – fait office de jardinier. Jean Valjean et Cosette vont vivre là, enfin tranquilles, le temps que Cosette grandisse.

 

          Oui, comme je l’ai dit en introduction, ce second tome des Misérables est vraiment génial, mais attention ! Il comporte des passages très indigestes. D’abord, il faut surmonter les 100 premières pages – sur un tome qui en comporte 280, c’est beaucoup ! – qui racontent, en ouverture,  la funeste bataille de Waterloo, bataille qui acte la chute d’un géant : l’empereur Napoléon 1er. Victor Hugo se glisse alors dans la peau d’un promeneur qui, sur la plaine du mont Saint-Jean, plaine sur laquelle ce géant que fut Napoléon a chuté. Ce promeneur interroge ici, les ruines d’une ferme, là, les plis et les replis du relief qui épongé tant de sang. Ces 100 premières pages font écho aux 100 pages consacrées à la vie de l’abbé Myriel, véritable saint qui trône au début du tome 1. A croire que c’est un tic de Victor Hugo que de placer les figures impressionnantes au début de chacun des tomes de cette grande saga, afin qu’elles les impriment de leur majesté. Ainsi, la sombre bataille de Waterloo inaugure un tome lui aussi très sombre. Tout comme l’abbé Myriel qui, au début du tome 1 annonce la conversion de Valjean au Bien et à l’amour de son prochain.

          Le second passage indigeste, c’est celui qui, à la fin, prend pour sujet les couvents. En effet, c’est au couvent du Petit-Picpus que Valjean et Cosette vont se cacher alors que Javert les poursuit. Alors, on a droit à toute l’historique de ce lieu, puis des considérations morales sur la vie monacale, la foi, ou encore la prière. Si Victor Hugo déplore l’inhumanité de la vie dans les couvents, il salue la  grandeur des moniales, ces femmes qui, un peu comme des forçats prisonniers du bagne, sacrifient leur liberté pour racheter les péchés du monde. Hugo salue également la prière qui élève l’âme.

          Par ailleurs, l’ensemble du tome intitulé Cosette baigne dans une ambiance funèbre, voire gothique. Toute l’action se passe la nuit, dans des endroits inquiétants. D’abord, il y a la forêt, où Valjean vient en aide à Cosette. Ensuite, nous sommes propulsés, dans les quartiers sombres de Paris, tout animés d’ombres et parcourus de ruelles inquiétantes. L’atmosphère est totalement fantastique. Ajoutons à tout cela l’épisode peu connu qui se situe à la fin du tome : pour entrer définitivement dans le couvent où il est entré clandestinement et incognito, Valjean tire parti de la mort de sœur Crucifixion et se glisse à sa place dans le cercueil qui doit être amené au cimetière de Vaugirard. Là, il attend que Fauchelevent vienne le libérer et le faire officiellement entrer dans ce lieu interdit sous une fausse identité. On imagine bien la vision de cet homme impressionnant qu’est Valjean qui se dresse hors de la tombe et qui est comme ressuscité d’entre les morts. On nage en plein dans le gothico-romantique cher à Hugo.

          Mais parlons un peu de ce qui nous réjouit le plus dans ce tome. 

          Il comporte de grandes scènes très connues et qui nous ravissent toujours autant. Je pense par exemple ici à l’épisode au cours duquel Valjean se trouve chez les Thénardier afin de récupérer Cosette. Une scène particulièrement maitrisée par ce maître de l’ambiance qu’est Hugo. La tension y est palpable. Les Thénardier se demandent qui est cet homme qui se dissimule dans son manteau et dont on ne voit pas bien le visage plongé à moitié dans l’obscurité, lequel répond aux questions avec parcimonie. Est-il riche ? Pourquoi en veut-il ainsi à cette petite souillon qu’est Cosette ? De son côté, l’innocente Cosette joue avec sa nouvelle poupée qu’elle a appelée Catherine sans se rendre compte de la tension qui règne au sein de l’auberge de Montfermeil. 

          Enfin, ce tome fait se rencontrer un grand duo inoubliable dans l’histoire du roman : l’ancien forçat mystérieux, Valjean qui n’a jamais aimé personne, se trouve touché par l’innocence et la spontanéité de l’enfant qui n’a jamais été aimée, Cosette.

Reste à saluer la puissance de l’écriture hugolienne. Elle est faite d’un puissant lyrisme qui nous entraîne et fait se dresser les personnages dans des visions plutôt sépulcrales, en ce qui concerne ce second tome. Rapidement, on se plongera dans le troisième tome des Misérables, tome intitulé Marius.



25/05/2020
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