LECTURES VAGABONDES

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M.J Arlidge : Am stram gram/Une comptine bien horrifique

 

 

          Am Stram Gram - pique et pique et colé gram... Mais non, ce n’est pas un roman pour enfants que je vous propose de découvrir aujourd’hui ! Même si le titre évoque les jeux des cours de récréation puisqu’il renvoie à une petite comptine pour enfants que tout le monde connait. Am Stram Gram, c’est un roman noir du genre policier écrit par M.J Arlidge et paru en France 2015 aux éditions Les escales noires.

 

          Des crimes sadiques secouent Southampton, un quartier de Londres. La mise en scène est toujours la même : un couple ou un binôme est hermétiquement enfermé dans un endroit isolé et croupit dans ses excréments, sans boire ni manger, avec pour seuls compagnons un révolver et un portable qui annonce la couleur : il faut que l’un ou l’autre s’empare du révolver et tue son comparse afin d’avoir la vie sauve. Amy et Sam, Peter et Ben, Caroline et Martina sont les premiers couples à subir cet effroyable jeu macabre. C’est Helen Grace qui est chargée de l’enquête. Une enquête qui s’avère délicate et compliquée ; les fausses routes sont nombreuses, notamment celle qui entraine notre fliquette à suspecter Mark, son collègue et amant qui aurait vendu une vidéo de l’interrogatoire d’une victime d’un serial killer à la psychologue Hanna Mickery qui sera, elle aussi, sérieusement suspectée. Or, il s’avère que le coupable de cette délation, c’est le big boss de la crim’, le ripou Whitaker… Si l’homme s’est livré à la corruption, il n’est cependant pas le meurtrier et Helen prend la direction de l’enquête après la mise à l’écart de Whitaker. Très vite, elle se rend compte que les meurtres ont un rapport avec elle car toutes les victimes sont des personnes qu’elle a sauvées au cours de sa carrière de flic. Lorsque ses collègues Charlie et Mark sont enlevés par le tueur, c’est la course contre la montre. Helen a compris que la coupable, c’est sa sœur, Marianne, qui a un contentieux à régler avec elle. En effet, Marianne a tué leur père – qui la violait régulièrement - et leur mère. Helen - mais son vrai nom est Jodie – a dénoncé sa sœur à la police. Elle arrivera à point nommé dans la tour désaffectée où Marianne l’attend pour jouer la dernière partie du jeu criminel qu’elle a mis en place. Malheureusement, Mark est mort et ne peut par conséquent sauver la vie de Charlie, mais bien évidemment, Helen sortira victorieuse du duel engagé avec sa sœur ; elle tue Marianne qui n’a pas tiré et qui, vraisemblablement, voulait cette fin-là.

 

          Am stram gram, c’est un roman noir comme on les aime car il repose sur de multiples et récurrents rebondissements qui tiennent le lecteur en haleine d’un bout à l’autre –  on songe ainsi aux ficelles utilisées par Guillaume  Musso dans ses romans ou à celles que met en œuvre Dan Brown dans son Da Vinci code.

          Sans doute M.J Arlidge en fait-il un peu trop car son roman regorge de fausses pistes qui permettent multitudes de rebondissements. Première conséquence, il faut lire le livre assez rapidement car si on traine trop, on oublie où on en est et on a peine à retrouver le fil de l’intrigue. Bref, trop d’intrigues tuent l’intrigue et comme Victor Hugo le dit dans sa préface de Cromwell, les faits secondaires doivent rigoureusement s’arcbouter sur l’intrigue principale et ne pas être trop nombreux car sinon, le lecteur s’embrouille et perd le fil de l’action.

          Et puis il faut bien dire que M.J Arlidge joue sur le trash en veux-tu en voilà ; son intrigue se base sur un jeu macabre qui se déroule dans des endroits désaffectés, glauques. Deux personnes sont enfermées dans un lieu hermétiquement clos et l’auteur insiste beaucoup sur l’odeur d’excréments qui envahit l’endroit, comme si c’était la chose la plus horrible dans cette détention. Par ailleurs, la fliquette Helen se livre à des activités sexuelles sadomasochistes avec un prostitué nommé Jake. On se demande pourquoi une telle perversion et on a la réponse à la fin du roman quand on découvre son enfance malheureuse, marquée par la violence. Bien évidemment, sa sœur, Marianne, elle aussi, est désaxée : violée par son père dans son enfance. Mark, flic et collègue d’Helen, devient l’amant de cette dernière et se révèle être alcoolique. Martina, l’une des victimes du jeu… c’est un transsexuel… Bref, si on aime le trash, on est servi.

          Avec Am Stram gram, on est donc dans la lignée des polars de Montanari ou encore des horrifiques jeux macabres qui ont fait le succès des Saw : des personnages boursouflés de malchance et de souffrances pris au piège d’une intrigue alambiquée et délicieusement compliquée. Mais trop c’est trop, et la vision noire du monde, bien présente et bien dosée chez Montanari, ici parait en toc car tout est excessif et exagéré.

          Cependant, ne soyons pas trop injustes avec Am Stram Gram ; c’est un polar qui se lit avec plaisir car on se laisse embarquer dans une histoire horrifique aux multiples rebondissements. Cependant, je dois bien dire que ce roman nous tient par des ressorts assez peu nobles : le goût pour le trash, par exemple. Mais je ne vais pas trop critiquer cette chose-là, moi qui suit fan de ce qu’on appelle pudiquement « les films de genre ».



08/11/2020
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