Alex Garland : La plage/Mauvais farniente
Peut-être avez-vous déjà vu La plage, le film qui a consacré la carrière de Léonardo di Caprio en 1999 ? Eh bien, je vous présente le roman qui est à la base du scénario du film. Alex Garland a écrit la plage en 1996 et le roman parait en France en 1998 aux éditions Hachette Littératures.
Richard est un routard ; il baroude depuis quelques temps en Thaïlande. A Bangkok, dans un hôtel minable, il fait la connaissance d’un autre routard qui lui parle d’une plage secrète et paradisiaque située sur une île. Il lui donne une carte avant de se suicider. Avec deux compagnons de route français – Etienne et Françoise – il décide de trouver cette fameuse plage secrète. Après un voyage mouvementé, le trio débarque sur l’île où la culture du cannabis est développée : mais attention ! Les plantations sont farouchement gardées ! La plage, quant à elle, est inaccessible. Il faut se jeter du haut d’une cascade pour y arriver. C’est bientôt chose faite ! Le
trio est plutôt bien accueilli : sur la plage, il y a une colonie baba-cool. La vie en communauté commence pour Richard, Etienne et Françoise. Mais alors que Richard est en mission - aller chercher du riz sur une autre île - il fait une gaffe : il parle de l’île et de la plage à des touristes allemands - Zeph et Sammy – qui ont bien envie de s’y rendre, eux aussi. Cependant, l’existence de cette plage et de la communauté qui y habite doit être tenue secrète pour être préservée. La vie continue, rythmée par des petits drames : une intoxication alimentaire, une attaque de requins. Le résultat, c’est des morts. En effet, Sal, qui est la chef de la communauté, refuse que les blessés ou les malades quittent l’endroit de peur qu’ils ne dévoilent le secret. Peu à peu, l’ambiance se dégrade. Richard, Etienne et Françoise, ainsi que deux amis, Jed et Keaty décident de s’enfuir. Mais le plan de fuite foire et c’est dans un massacre qu’ils parviennent à se libérer de ce cette île qui de paradis devenait enfer.
Quel ennui que ce roman ! Roman d’une génération à l’instar de Sur la route de Jack Kérouac ? Il est vrai que dans la plage, on parle beaucoup de beuh. Il est aussi vrai que le personnage de Richard est un routard qui bourlingue en Asie… mais son voyage n’a aucun intérêt.
La plage, c’est un voyage qui commence à travers les hôtels de routards de Bangkok qui se poursuit dans la recherche d’un endroit paradisiaque et secret, avec toutes les aventures qui l’accompagnent (trouver un bateau, traverser à la nage d’une île vers une autre quand il n’y a pas de moyen de transport, etc…) et comme dans tous les voyages initiatiques où le nirvana doit se gagner, nos héros doivent surmonter de nombreux obstacles, notamment le franchissement d’une cascade du haut de laquelle il faut se jeter.
Une fois la plage trouvée, le roman se déroule dans un huis-clos ennuyeux où Richard passe son temps à dormir, à nager, à fumer des joints de cannabis. De temps à autre, il est sollicité pour une mission comme celle d’aller chercher du riz avec un autre membre de la communauté sur une île voisine. Et ça dure !!!! Une éternité !
Par ailleurs, les liens entre les personnages qui vivent dans la communauté sont vagues et n’ouvrent sur aucune intrigue intéressante. Certes, on sent bien que Richard est attiré par la belle et sensuelle Françoise, mais comme elle est surveillée comme le lait sur le feu par son petit ami, Etienne, Richard se contente de la regarder, de temps à autre.
Alors certes, il règne dans le roman un certain mystère : malgré le fait que tout semble paisible et bien organisé dans cette petite communauté baba-cool, le secret de l’existence de cette plage réservée à quelques initiés doit être précieusement gardé pour ne pas corrompre cette sorte de paradis originel. Ce secret, c’est Sal qui s’en porte garante jusqu’à l’obsession, jusqu’à prendre des décisions inhumaines comme celle de laisser mourir des membres de la communauté pour limiter les contacts avec l’extérieur. Ainsi, si la plage est un endroit privilégié, idyllique, c’est aussi un endroit où plane un certain malaise et qui n’est pas loin de devenir un enfer, une prison (ce qu’elle devient à la fin). Cependant, cette progression du paradis vers l’enfer est très lente, et on s’en désintéresse assez vite.
Alors, certes, pour finir, le roman défend une certaine conception du voyage : le voyage routard façon les chemins de Katmandou. Par opposition, il critique le tourisme de masse, formaté et trop prévisible. Et c’est pourquoi cette fameuse plage se doit de rester secrète : elle ne doit pas devenir un lieu de tourisme de masse qui la dénaturerait.
Je suis bien contente d’être venue à bout de ce pensum qui mêle mollement la thématique du voyage et de l’aventure pour gagner une sorte de paradis originel. Certes, ce roman, au lieu de nous donner envie de découvrir des endroits privilégiés et paradisiaques, nous en dégoute et on préfère aller se promener sur d’autres rivages que celui-ci.
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